"Gavée" de voir sur Instagram "le besoin d'exister" de certains artistes occupés à se filmer chez eux "de peur qu'on les oublie", Mathilde Seigner a, elle, pris le parti inverse pendant la période de confinement : "Je n'avais aucune envie de montrer ma tronche", assène-t-elle avec son franc-parler caractéristique dans un entretien avec Paris Match paru sur le site de l'hebdomadaire samedi 9 mai 2020. A défaut de s'être montrée, l'actrice donne un aperçu sur la manière dont elle a vécu cette période particulière.
Auprès de la journaliste Dany Jucaud, elle commence par se remémorer l'annonce du confinement, dans elle garde un souvenir précis : "C'était le lendemain de cette horrible cérémonie des Césars qui avait été d'une violence inouïe contre mon beau-frère Roman Polanski, lorsque j'ai eu comme un pressentiment", se remémore la soeur d'Emmanuelle Seigner, qui, ce fameux 29 février, était au milieu des cartons dans la maison qu'elle "venait de vendre".
Sceptique quant aux mesures qui ont été prises face à la pandémie du coronavirus ("Etait-ce nécessaire de confiner le monde entier comme on l'a fait ?"), la comédienne de 52 ans ne cache pas qu'elle a néanmoins trouvé son compte dans le confinement : "Comme je n'avais pas vraiment envie de reprendre du service d'ici la fin de l'année, j'irai presque jusqu'à dire que ça m'a arrangée", ose ainsi l'ancienne héroïne de la série Sam, qui aurait dû en ce printemps être en pleine promotion du film Un tour chez ma fille d'Eric Lavaine, dont elle partage l'affiche avec Josiane Balasko et qui a vu sa sortie repoussée. D'ailleurs, l'amorce du déconfinement ne change rien à la donne, la concernant : "Je vais pendant un bon moment continuer à vivre de la même façon, indique-t-elle. Il faut arrêter une fois pour toutes de se bisouiller et de se filer des microbes. Autant que je sache, le coronavirus n'a pas prévu de se déconfiner le 11 mai !"
Dans un couple, on peut s'aimer très fort de loin, sans être obligé de partager le quotidien
Car si elle dit avoir eu l'impression de vivre "un éternel dimanche" et de "tourner un peu en rond", Mathilde Seigner dresse un bilan globalement positif de ces 55 jours de confinement, entre "période d'introspection finalement plutôt enrichissante" et chance inédite de voir Paris comme jamais, "une ville fantôme mais si belle" où la nature a repris ses droits. Déterminée à "tout positiver", l'actrice a également eu une révélation : "J'ai découvert à ma grande surprise que j'aimais bien vivre seule", dit-elle. Qu'on ne s'y méprenne pas : aucune ombre au tableau concernant sa relation avec son compagnon - son "mari", comme elle disait en 2019 - Mathieu Petit, avec lequel, sur fond de déménagement, elle s'est partagé la compagnie de leur grand garçon : "Mon fils Louis, qui va bientôt avoir 13 ans, est resté avec moi un mois. On le faisait travailler, mais comme nous venons de déménager, il n'avait qu'une chose en tête : sa nouvelle chambre. Il est ensuite allé passer un mois avec son père qui habite à Briançon. Dans un couple, on peut s'aimer très fort de loin, sans être obligé de partager le quotidien."
Dans son isolement, c'est apparemment la télévision bien plus que les réseaux sociaux qui l'a égayée : "Je me suis régalée tous les jours en regardant à 14 heures sur France 2 les films du patrimoine français. Quand je les avais déjà vus, je me replongeais dans Joséphine ange gardien et Affaire conclue. J'adore !", s'enthousiasme-t-elle, glissant au passage qu'elle a dû faire une croix sur sa passion pour les séries... faute de savoir comment faire marcher sa nouvelle télé.
Plutôt indulgente envers le gouvernement, Mathilde Seigner aborde la suite avec une certaine appréhension. "Je ne suis pas très angoissée pour moi, dit-elle en évoquant de beaux projets de films pour 2021 et 2022, mais je le suis pour les autres." Le monde de la culture, celui de la restauration ont toute sa compassion, de même, bien entendu, que celui des professionnels de la santé, qu'elle applaudit chaque soir. Elle se rallie d'ailleurs à la colère de Vincent Lindon, qui a jeté un gros pavé dans la mare il y a quelques jours avec une tribune appelant notamment à une revalorisation des personnels soignants et à un changement radical de la position de l'Etat en matière de santé et de recherche.
En attendant, il y aura toujours les grands classiques du cinéma français à revoir sans modération pour se détendre.
GJ