Lorsque la presse dévoile l'existence de la deuxième famille de François Mitterrand aux Français en 1994, le scandale provoque un séisme médiatique rarement égalé auparavant. Au milieu de cette tempête, la petite Mazarine, fille de l'historienne Anne Pingeot, qui voit sa vie chamboulée du jour au lendemain.
Plus de vingt-cinq ans après les faits, celle qui est devenue écrivaine et professeure agrégée de philosophie, aujourd'hui âgée de 46 ans, s'est confiée à L'Obs, dans un article publié mercredi 5 mai, sur son rapport à ce père qui l'a longtemps cachée.
Lorsque Paris Match sort l'affaire le 10 novembre 1994, c'est la fin de l'innocence pour la jeune fille. "C'était horrible : le monde s'effondrait. Toute ma raison d'être qui était le secret, ce qui faisait mon identité, s'effondrait. Il fallait continuer comme si de rien n'était, mais en réalité, je n'avais plus aucun repère. J'ai mis du temps à vivre avec ça", avoue-t-elle.
C'est très désagréable d'avoir des gens qui vous prennent pour un objet
Les jours qui suivent vont être extrêmement douloureux pour Mazarine, terrée chez elle face aux dizaines de paparazzis qui font la planque devant chez elle et guettent le moindre de ses gestes. "J'avais l'impression d'une sorte de viol symbolique. C'est très désagréable d'avoir des gens qui vous prennent pour un objet, pour qui vous êtes un gagne-pain. C'était très violent", déclare-t-elle.
Aujourd'hui éloignée des critiques de l'époque, celle qui a été reconnue par François Mitterrand quelques années avant le scandale, reste marquée à jamais par cette épreuve. "J'ai été très heurtée par la violence qu'il a subie. J'en ai été heurtée parce que je le voyais rentrer à la maison le soir, tout simplement, et parce que moi, je l'ai vécue aussi par ricochet, puisque, par contiguïté, j'étais moi-même pestiférée et parfois je le suis encore", révèle-t-elle.
Malgré ses années de souffrance, Mazarine Pingeot a réussi à sortir la tête de l'eau. Après une longue relation avec le présentateur vedette Ali Baddou dans les années 90, elle rencontre l'homme de sa vie, le diplomate Didier Le Bret, avec qui elle se marie en juillet 2017. Entre temps, elle a eu un fils, Astor, né en 2005, avec le réalisateur marocain Mohamed Ulad-Mohand.