Mélanie Hénique, nageuse de l'équipe de France, a été victime d'une agression "homophobe" il y a 8 jours à Amiens, sa ville natale. L'athlète et championne du monde en Relais 4x50m 4 nages (2014), a donc logiquement porté plainte vendredi après avoir été insultée et rouée de coups.
La championne, encore en état de choc et arrêté pendant une dizaine de jours, raconte : "J'étais avec deux amies et on sortait d'un restaurant, témoigne la jeune femme de 23 ans. Quatre mecs nous regardaient, ils nous ont demandé des cigarettes, mais je sentais que ce n'était pas que pour ça. On allait repartir mais ils ont commencé à nous insulter et tout s'est enchaîné très vite. Un des gars nous a bloquées, je n'ai rien vu venir, le mec m'a frappée, j'étais complètement sonnée, je ne sais pas ce qu'il s'est passé après, j'ai vu mes amies par terre."
"J'avais déjà été insultée, mais on ne m'avait jamais frappée"
La nageuse se souvient alors avoir été aux urgences, puis être passée sur la table d'opération, avant d'en sortir avec un nez cassé et un arrêt de travail suffisant pour déclarer forfait pour l'Open de France où sont réunis tous les Bleus ce week-end à Vichy. "J'avais déjà été insultée, mais on ne m'avait jamais frappée", affirme-t-elle sans vouloir préciser la teneur de ces insultes homophobes, "tellement c'était violent". "Il y avait beaucoup de haine. Psychologiquement, c'est un sacré choc, je ne m'y attendais pas du tout".
Quelques jours après son agression, bien décidée à ne pas taire la violence faite aux homosexuels, Mélanie Hénique a pris son courage à deux mains et pris la décision d'évoquer sa terrible et choquante histoire aux médias. "C'était un devoir pour moi de rendre publics ces faits, non pas pour parler de moi mais ne serait-ce que pour aider ceux qui n'osent pas porter plainte", croit savoir la championne, ajoutant : "Je pense à toutes ces personnes dont la vie peut être brisée par de telles agressions et qui n'ont pas forcément la possibilité d'en parler."
Lesbienne assumée, Mélanie Hénique dit ne pas être "quelqu'un qui va le montrer". "Je fais attention, c'est ma vie privée et je ne l'étale pas", a commenté la jeune femme à l'AFP. Néanmoins, devant l'horreur et l'inacceptable, elle ne reculera pas devant le "climat homophobe qui règne en France malheureusement aujourd'hui". La jeune nageuse d'origine amiénoise évoque "un acte grave, homophobe, inadmissible" et qui "doit être puni". "Je ne voudrais pas donner raison à mes agresseurs en baissant la tête", a-t-elle déclaré.
Aujourd'hui installée à Marseille, Mélanie Henrique a été sélectionnée pour les Mondiaux qui se tiendront début août à Kazan (Russie) mais a dû stopper sa préparation suite à cette agression.
Dans le cadre de l'enquête policière, Mélanie Hénique sera examinée lundi par un médecin mais ne prendra plus la parole sur le sujet des les médias. "J'aspire à présent à retrouver les bassins, mes sensations dans l'eau et mon statut d'athlète de haut niveau, a justifié la sportive. Il me reste peu de temps pour me préparer pour Kazan. Je veux me donner les moyens de réussir."