Avant de plonger dans une retraite assurément bien méritée, le très prolifique Steven Soderbergh en dévoile un peu plus de son dernier coup d'éclat, Behind The Candelabra. Un teaser a été révélé sur la toile, donnant un ton définitivement kitsch et coloré à ce qui s'annonce comme un projet détonnant. Prévu sur HBO dès le 26 mai – un probable passage cannois n'est pas à exclure –, le téléfilm sortira dans les salles françaises où le titre apparaît sous la bannière d'ARP Sélection. Le film s'intitulera par ailleurs Ma vie avec Liberace dans sa version française.
Déçu de ne pas avoir réussi à vendre son film pour une sortie en salles aux États-Unis – il évoque des "studios effrayés" par un film "trop gay" à Entertainment Weekly dont le film fait la couverture - Steven Soderbergh raconte dans Behind The Candelabra la relation entre Douglas Eye Liberace, un célèbre pianiste américain du music-hall qu'incarnera à l'écran Michael Douglas, et son petit ami Scott Thorson (joué par Matt Damon). Le pianiste, célèbre pour son investissement dans le monde de la musique et du spectacle, était aussi connu pour son homosexualité et une fin tragique, avec sa mort des suites du SIDA.
Loin de cette finalité dramatique, Ma vie avec Liberace semble s'être posé tranquillement comme une comédie burlesque, teintée de kitsch avec deux personnages gai et gay. En une vingtaine de secondes, Steven Soderbergh joue avec les sentiments, la colère comme l'étonnement, l'amour et l'ambition avec pour seuls dialogues, un condensé d'images et de costumes, un morceau de piano à la rythmique entraînante et deux acteurs transformés. Le projet a fait couler beaucoup d'encre, non seulement pour son sujet, mais aussi pour ses acteurs qui n'ont pas hésité à casser leurs images pour rentrer dans leurs costumes ou des scènes aussi amusantes que déroutantes, comme celle où les deux protagonistes, coupes de champagne à la main, sont nus dans une baignoire. Une attitude gay et kitsch que Matt Damon a su travailler. Non sans humour, il racontera quelques semaines après le tournage, avoir pensé à Catherine Zeta-Jones, la femme de Michael Douglas, lorsqu'il devait embrasser ce dernier.
De son côté, Steven Soderbergh ne devrait pas s'arrêter en si bon chemin. Pendant que son dernier long-métrage taillé pour le cinéma (Effets Secondaires) va bientôt sortir en salles, le cinéaste songe à adapter en une mini-série longue de 12 heures le roman Le Courtier en tabac (The Sot-Weed Factor en version originale), publié par John Barth en 1960. Il y suivrait à la fin du XVIIe siècle un petit poète anglais qui s'installe dans le Maryland pour reprendre les champs de tabac de son père. Malgré ses velléités de retraite, Steven Soderbergh pourrait bien produire ce projet qui lui tient tant à coeur.