C'est le grand ménage à la FIFA... Empêtrée dans des affaires de corruptions et dans les scandales en tout genre, la Fédération Internationale de Football Association se débarrasse de ses poids lourds et de ses personnalités gênantes. Si Sepp Blatter, acculé de toutes parts, résistait tant bien que mal, il est finalement tombé, entraînant avec lui Michel Platini, appelé à lui succéder dans quelques mois.
90 jours. C'est la suspension que le comité d'éthique de la FIFA, créé en 2012, a infligé à Sepp Blatter, l'historique dirigeant de l'institution, et à Michel Platini, à la tête de l'UEFA et successeur désigné du premier, qui devait redorer le blason de la FIFA. Durant près de trois mois, ils ne pourront avoir aucune activité, de près comme de loin, liée au football. Une suspension à laquelle peut s'ajouter 45 jours supplémentaires.
La commission d'éthique, formée de patrons de Fédérations et de juristes, se compose de deux chambres, l'une chargée d'enquêter, et une autre de juger. Face aux nombreux scandales et affaires judiciaires ouvertes essentiellement aux États-Unis et en Suisse contre les membres de la FIFA, la commission a donc frappé fort. Le très décrié Sepp Blatter est accusé "de gestion déloyale (que l'on pourrait rapprocher de l'abus de confiance, ndlr) et, subsidiairement, d'abus de confiance", et d'avoir "signé un contrat défavorable à la FIFA" avec l'Union caribéenne de football, dont Jack Warner, son président, a depuis été suspendu à vie et, accusé de fraude, de racket et de blanchiment d'argent, est aujourd'hui dans l'attente de son extradition aux États-Unis.
Quant à Michel Platini, son nom est apparu dans l'enquête de la justice suisse pour "soupçon de gestion déloyale et abus de confiance", dans le cadre d'un paiement de Sepp Blatter à Michel platini pour un montant de 1,8 million d'euros. La commission d'éthique s'est donc penchée sur "un paiement de 2 millions de francs suisses (1,8M€) en faveur de Michel Platini au préjudice de la FIFA, prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002. Ce paiement a été exécuté en février 2011".
Pour Michel Platini, qui souhaitait prendre la suite de Sepp Blatter à la FIFA, et incarner le renouveau d'une institution ébranlée, le coup est rude. Si sa suspension de l'empêchera pas, à priori, de déposer sa candidature pour l'élection du 26 février 2016, sachant que les dépôts de candidatures se terminent le 26 octobre prochain, la commission électorale pourrait l'invalider.
Cette commission doit en effet demander une enquête d'habilitation à... la commission d'éthique de la FIFA. La même qui vient de suspendre 90 jours Michel Platini. Et sans habilitation, pas d'élection...
Tard ce jeudi, le comité exécutif de l'UEFA a exprimé son soutien à son président Michel Platini, qui "va enclencher les différentes procédures" pour faire appel de sa suspension.
Du fait de ce futur appel, le comité exécutif de l'UEFA ne voit pas, "à l'heure actuelle", le "besoin" de confier l'intérim à son plus ancien vice-président (Angel Maria Villar Llona), nous apprend l'AFP.