Victime d'Harvey Weinstein et soutien du mouvement #MeToo aux côtés d'Asia Argento et Rose McGowan, Mira Sorvino a beaucoup souffert du harcèlement sexuel à Hollywood. En janvier, son père Paul Sorvino sortait de ses gonds après avoir appris qu'elle avait été agressée par Weinstein. Aujourd'hui, dans une interview pour le podcast de la Hollywood Foreign Press Association, HFPA In Conversation, publié ce mercredi 11 juillet 2018, l'actrice oscarisée de Maudite Aphrodite (film de Woody Allen) raconte ses déboires.
Elle livre notamment une anecdote avec un directeur de casting alors qu'elle était encore adolescente. "En regardant ma carrière, j'ai réalisé que lors d'une de mes premières auditions quand j'avais 16 ans, j'ai été traitée d'une manière totalement inappropriée par le directeur de casting, confie l'actrice de 50 ans. Dans le but de me faire peur pour une scène de film d'horreur, il m'a attachée à une chaise, a contorsionné un de mes bras et m'a bâillonnée, tout ça n'était qu'un jeu parce j'essayais d'être effrayée pour la scène."
"À la fin, il retire le bâillon de ma bouche et dit 'Désolé pour le préservatif', donc il m'a bâillonnée avec une capote, poursuit-elle. J'étais trop jeune pour savoir, Dieu merci, le goût qu'avait une capote. C'était tellement inapproprié, et qu'est-ce qu'un directeur de casting foutait avec un préservatif dans sa poche à un casting ?"
Mais à l'époque, Mira Sorvino ne se pose pas la question. D'autant que son entourage ne semble pas aller en ce sens. "Tu vas absolument devoir coucher avec toute sorte de gens pour ta carrière", lui disaient certains de ses amis. Elles tombent donc sur des directeurs de casting, réalisateurs ou producteurs qui lui mettent la pression, lui font miroiter des rôles si elle accepte leurs conditions pourtant inacceptables. "Quand vous êtes jeunes, vous vous dites, 'Oh ok, je dois me blinder. Je vois aller au plus profond pour vraiment performer'", tente de se convaincre l'actrice qui pointe du doigt les prix remis aux acteurs qui livrent des performances physiques "dans des scènes sexuelles, brutales ou de ce genre". "Se soumettre pour l'art", résume-t-elle. "Les gens en profitent", poursuit l'intéressée. Mais Mira Sorvino l'assure : bien qu'elle ait eu de très nombreuses propositions, elle n'a jamais pratiqué la promotion canapé !
Elle cite également "un grand réalisateur qui a eu des Oscars et est connu pour son côté social dans plusieurs de ses films" et qu'elle a rencontré. Elle était à deux doigts d'avoir un rôle, lorsque celui-ci laisse entendre qu'il aimerait bien une histoire avec elle. Elle refuse... et n'aura pas le rôle. Nul doute que bon nombre d'actrices, et peut-être dans une moindre mesure d'acteurs, ont été victimes de ce genre de pratiques pourtant bien connues dans le milieu du septième art.