Samedi 10 septembre 2011, Fabrice Estebanez sera titulaire au centre de l'équipe de France de rugby pour le premier match des Tricolores dans la Coupe du Monde de rugby disputée en Nouvelle-Zélande à partir de vendredi.
L'aboutissement d'un véritable conte de fées pour ce solide gaillard de 29 ans né à Carcassonne le 26 décembre 1981. Car le parcours d'Estebanez n'a rien de classique... Pour en arriver là, et qui sait peut-être affronter les All-Blacks le 24 septembre, le joueur a pris des détours qui en auraient découragé plus d'un.
Pourtant, tout avait bien commencé pour le jeune garçon. Sa ville de Pamiers le voit partir pour le club de Colomiers, où il parfait son apprentissage du rugby à XV... Véritable espoir du club, Fabrice Estebanez tombe pourtant de haut lorsque le club ne lui propose pas de contrat pro. Il a alors 20 ans et c'est le rugby à XIII qui aura les joies de son talent. A Limoux puis à Toulouse, il gagne ses galons d'international. Mais le XIII ne nourrit pas son homme, et Fabrice Estebanez est obligé de jouer les plombiers pour gagner sa vie.
En 2005, les Dragons Catalans, seule équipe française engagée en Super League, LE championnat britannique de rugby à XIII, s'intéresse de près au Tricolore... Mais une fois de plus, le passage au professionnalisme ne se fera pas. Fabrice Estebanez retrouve les joies de la plomberie, puis le chômage.
Le petit club de rugby à XV de Gaillac, alors en Fédéral 1 (troisième division) fait appel à lui en 2005. Le club remonte en Pro D2, mais le joueur joue de malchance car le club met la clé sous la porte en 2006. Retour à la case chômage, qui oblige le joueur à vendre sa moto pour survivre...
Pour autant, l'homme ne baisse pas les bras et envoie son CV à l'ensemble des clubs du Top 14. C'est finalement Brive qui lui propose un contrat au plus haut niveau en 2007 en tant que joker médical. En échange, il promet de devenir international. Et c'est chose faite le 13 novembre 2010, lorsqu'il honore sa première cape face aux Fidji.
Balloté d'un poste à l'autre au CA Brive Corrèze, Estebanez tape pourtant dans l'oeil du sélectionneur Marc Liévremont. Quatre années où sa puissance, son abnégation, son travail et son état d'esprit font mouche. En 2011, à 29 ans et à l'apogée de sa carrière, le centre signe un contrat au Racing Métro et apprend qu'il fait partie des 30 joueurs sélectionnés pour disputer la Coupe du Monde. Le néo-Parisien se paie même le luxe de prendre la place de joueurs historiques à son poste, comme Yannick Jauzion ou Clément Poitrenaud.
Samedi, l'international aux cinq sélections sera donc titulaire au centre au côté d'Aurélien Rougerie au moment d'affronter le Japon. Fabrice Estebanez pourra alors définitivement ranger sa panoplie de plombier et se racheter une moto, comme il l'annonçait récemment sur son Twitter : "J'ai enfin commandé mon Harley pour mon retour sur Paris, le plus tard possible bien sûr..." C'est tout le mal qu'on peut lui souhaiter.