La réalisatrice française Catherine Breillat (Une vraie jeune fille, Romance, Abus de faiblesse...) a collaboré avec le photographe et metteur en scène David Hamilton : elle avait signé en 1976 le scénario de Bilitis qu'il avait réalisé avec Emmanuelle Béart et Bernard Giraudeau. À la lumière des accusations de viols portées contre lui et de sa mort le 25 novembre, le magazine Gala a recueilli les confidences de cette cinéaste qui a côtoyé l'homme du scandale révélé par Flavie Flament. Elle tient à distinguer son oeuvre de l'homme qu'il était : "Comme homme, il a peut-être commis ces crimes, peut-être que son obsession l'a entraîné plus loin, ce n'est pas à moi de me prononcer, je n'en sais rien. Et si c'est le cas, c'est malheureux et monstrueux."
Quel homme était David Hamilton ? "Il parlait peu. Sa femme Mona également. (...) David était replié sur lui-même, sur son obsession. C'était un artiste artisan qui avait inventé un flou artistique unique." Catherine Breillat explique ensuite comment elle a réagi en découvrant les accusations de viol : "À l'époque, je n'ai jamais eu connaissance de ce genre de choses – en même temps, quand il faisait ses photos, je n'étais pas là. Les procès civils, je n'ai pas à m'en mêler, en revanche, il ne faut pas faire le procès de son oeuvre. Ce n'est pas la même chose. Il est certain que quand on regarde son travail aujourd'hui, et encore plus à la lueur de ces accusations, elles prennent un caractère pédophile, mais ce n'était pas du tout le contexte de l'époque. Dans les années 70, David était mondialement connu et ça ne choquait personne."
Même les parents n'y voyaient aucun mal
Catherine Breillat rappelle le contexte de ces photos, mais aussi celle d'Eva Ionesco enfant faite par sa mère qui choquent aujourd'hui, alors que personne ne s'en offusquaient dans les années 1970 : "C'était une époque où il n'y avait aucun regard salace sur des petites filles qui posent en culottes Petit Bateau entrebâillées. Même les parents n'y voyaient aucun mal. La plupart du temps, David trouvait ses jeunes modèles, souvent nordiques, sur les plages nudistes du Cap d'Agde. (...) Il était obsessionnel. (...) Mais cela ne veut pas dire pour autant que l'on est un pédophile. Les artistes en général sont des obsessionnels. En revanche, je sais que plus tard Heidi [l'un des models de David Hamilton, NDLR] a regretté les photos qu'elle avait faites enfant. L'époque n'étant plus la même (...), parce que le regard de la société a changé."
Depuis le tournage du film Bilitis, David Hamilton et Catherine Breillat ne se sont pas revus, cette dernière estimant que le film était "épouvantablement mauvais" : "David ne s'attachait qu'à la beauté de sa lumière, c'était un photographe, pas un réalisateur."
Retrouvez l'intégralité de l'interview sur le site du magazine Gala.