Quelques mois après la mort du chef d'orchestre italien Claudio Abbado, c'est la disparation d'un autre maestro qui endeuille aujourd'hui le monde de la musique classique : celle de Lorin Maazel. "Maestro Maazel" est décédé, dimanche 13 juillet, à l'âge de 84 ans des suites d'une pneumonie à son domicile de Castleton Farms en Virginie, ont annoncé les organisateurs du festival de Castleton dont il était le fondateur.
Enfant prodige et grand chef d'orchestre, Lorin Maazel a notamment dirigé le Philharmonique de New York, l'Opéra de Vienne et l'Orchestre national de France de 1977 à 1991. Né le 6 mars 1930 à Neuilly-sur-Seine, d'une famille de musiciens américains juifs, il débute l'enseignement de la musique dès l'âge de 5 ans par le violon. Deux ans plus tard, il donne des cours. À 8 ans, il commence à se produire en public et joue déjà dans les plus grands orchestres dès 9 ans. Il en avait 11 lorsque l'immense Arturo Toscanini l'a invité à New York pour prendre la baguette. Dans Le Figaro, le musicologue et critique musical Christian Merlin écrit à son sujet : "Tous les musiciens d'orchestre du monde entier vous le diront, Maazel avait la technique de baguette la plus virtuose et l'oreille la plus infaillible de tout le circuit."
La tristesse des mélomanes
L'AFP rappelle que Lorin Maazel a dirigé plus de 150 orchestres dans quelque 500 opéras. Il a participé à plus de 300 enregistrements de Beethoven à Tchaïkovski, en passant par Debussy, Rachmaninov et Strauss. Il a également eu des responsabilités au sein de l'Opéra de Berlin et du Philharmonique de Munich. L'actuel chef d'orchestre du Philharmonique de New York, Alan Gilbert, s'est dit "absolument dévasté par la nouvelle choquante de sa mort". C'est aux commandes de cet orchestre que Lorin Maazel avait donné en 2008 un concert pour la paix en Corée du Nord. Sur Twitter, le Royal Opera House de Londres a fait part de sa "tristesse". C'est au sein de cet opéra, en 2005, que Lorin Maazel dirigeait le premier opéra qu'il avait composé, une adaptation du roman 1984 de George Orwell. Opéra qui avait ensuite été joué à guichets fermés à La Scala de Milan.
La mort du maestro a déclenché une immense vague de tristesse dans le monde de la musique classique. Sur Twitter, le ténor espagnol Placido Domingo a écrit : "Cher Lorin ! Un immense merci pour ton génie..." Un génie que l'intéressé mettait aussi au service des jeunes talents depuis 2009 avec le Festival de Castleton, créé avec son épouse Dietlinde Turban : "Reconnaissant la valeur qu'il avait lui même tirée de ses tuteurs lorsqu'il était jeune, Maestro Maazel voulait (...) encourager les jeunes musiciens par la pédagogie", faire connaître les jeunes talents et apporter une "nouvelle énergie" à la musique classique, écrivent les organisateurs du festival.
La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti a salué "un artiste exceptionnel" dont le souvenir "reste vivace pour tous les mélomanes qui ont eu la joie d'assister aux concerts de ce maître intransigeant mais profondément humaniste". Ce 14 juillet, le Concert de Paris donné par l'Orchestre national de France, le Choeur et la Maîtrise de Radio France, qui aura lieu à 21h30 sur le Champ-de-Mars, sous la direction de Danièle Gatti, lui rendra hommage, a annoncé Radio France. Son président, Mathieu Gallet, a salué dans un communiqué "la personnalité hors norme et le talent exceptionnel de ce grand artiste dont le rôle a été déterminant pour le rayonnement international de l'Orchestre National de France." Ce concert est retransmis en direct sur France 2 et France Musique.