Le Los Angeles Times, citant son proche ami et collaborateur Yuri Neyman, a annoncé la mort de Vilmos Zsigmond, décédé le 1er janvier 2016 d'une "combinaison de plusieurs maladies".
Présent l'été dernier à la quatrième édition du Champs-Élysées Film Festival, Vilmos Zsigmond était encore loin de la retraite. Âgé de 85 ans, il comptait pas moins de cinq projets indépendants devant lui. Derrière, une carrière hallucinante passée aux côtés des plus grands metteurs en scène hollywoodiens. Les directeurs de la photographie seraient d'ailleurs unanimes si la question était posée : Vilmos Zsigmond est un mentor, un modèle, et assurément l'un des meilleurs dans ce corps de métier si particulier qui consiste à concevoir l'image d'un film et à sublimer sa plastique.
Né en 1930 en Hongrie, passionné de cinéma (il a étudié à l'Académie des arts du théâtre et du cinéma de Budapest), il fuit le régime communiste à la fin des années 1950 avec, dans son sac, quelque 9 kilomètres de bobines racontant l'invasion soviétique - et notamment l'insurrection de 1956. Avec son copain d'enfance Laszlo Kovacs, il décide de vendre les pellicules à la chaîne CBS. Leurs carrières démarrent.
Un collaborateur de Spielberg, De Palma, Cimino...
Zsigmond devra attendre le début des années 1970 et le western John McCabe, de Robert Altman, pour voir sa carrière décoller après avoir enchaîné les courts métrages et autres films d'horreur. Il éclaire alors les longs métrages de plusieurs cinéastes débutants et appose son nom sur de futurs classiques. On peut donc admirer son travail chez John Boorman (Délivrance), Jerry Schatzberg (L'Épouvantail, Vol à la tire), Brian De Palma (Obsession, Blow Out, Le Bûcher des vanités), Martin Scorsese (La Dernière Valse), Michael Cimino (La Porte du paradis) et bien sûr Steven Spielberg avec Sugarland Express et surtout Rencontres du troisième type pour lequel il glane l'Oscar en 1978 et voit Spielberg devenir un des réalisateurs les plus influents d'Hollywood. Il sera également nommé pour La Rivière de Mark Rydell, Voyage au bout de l'enfer, de Michael Cimino, et plus récemment Le Dahlia noir, de Brian de Palma. Ces dernières années, il avait notamment collaboré à trois reprises avec Woody Allen, sur Melinda et Melinda, Le Rêve de Cassandre et Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu.
"Le directeur de la photographie aide la narration d'une manière visuelle. Je ne dépends pas des dialogues. Je considère plutôt le film comme un art visuel. Pour moi, raconter une histoire visuellement parlant est plus important que de raconter une histoire avec des mots et des dialogues", déclarait-il en 2005 pour résumer son métier.