Elles étaient toutes là pour dire "Ras le viol". Samedi 24 novembre 2018, des dizaines de milliers de femmes et d'hommes, selon les organisatrices, sont descendu(e)s dans la rue afin de participer à un "raz-de-marée féministe" contre les violences sexistes et sexuelles, un an après le début de la vague #MeToo. Pendant que la manifestation illégale des gilets jaunes sur les Champs-Elysées se distinguait par des scènes de violence et de guerre civile, dans le même temps, la manifestation "Nous Toutes" s'est déroulée sans accrochage.
Plusieurs personnalités du monde de la culture ont d'ailleurs pris part à cette marche. En tête d'un cortège, on a notamment vu Muriel Robin, smartphone à la main pour immortaliser un moment historique et fédérateur. "Je suis là pour soutenir toutes les victimes et continuer ce combat qui a commencé bien avant moi", a déclaré dans le cortège parisien la comédienne qui avait réuni plus d'un millier de femmes à Paris en octobre contre les violences conjugales. L'actrice et récente interprète de Jacqueline Sauvage était aux côtés de l'actrice Anna Mouglalis, mais aussi d'Eva Darlan et Sophie Darel. L'actrice de Mission : Impossible 6, Alix Bénézech, était également de la partie, un panneau violet fièrement mis en avant. Avec elle, Inna Modja et son compagnon Marco Conti Sikic défilaient aussi, tout comme Aurélie Saada, Orlan (Mireille Suzanne Francette Porte) et la sénatrice Laurence Rossignol qui fut, jusqu'en mai 2017, la Ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des Femmes, avant de céder son poste à Marlène Schiappa.
"C'est la plus grosse mobilisation (féministe) qu'on ait connue en France", s'est félicitée son instigatrice, Caroline De Haas, annonçant 50 000 personnes dans les rues, dont 30 000 à Paris. L'an dernier, 2 000 avaient battu le pavé parisien, de source policière. Sur Twitter, la secrétaire d'Etat à l'Égalité femmes-hommes Marlène Schiappa a "salué" cette "grande manifestation (...) qui doit être vue et entendue", se disant "mobilisée sans relâche".
Une manifestation qui fait écho au lancement dès mardi 27 novembre de la plateforme de signalement en ligne des violences sexistes et sexuelles. "C'est le premier des jalons, technique et politique, pour éradiquer" ces violences, a fait valoir le Premier ministre dans une tribune publiée sur le réseau social Facebook. "Désormais quelques clics peuvent aider chacune à prendre un nouveau départ : pour soi, pour sa famille. Et peut-être pour éviter le pire", a-t-il insisté.
Né en septembre et appuyé par plusieurs associations, le mouvement #NousToutes entendait "passer du témoignage à l'action" un an après #MeToo, qui a fait bondir de 23% le nombre de cas de violences sexuelles signalées à la police. En France, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit environ une tous les trois jours. Chaque année, près de 220 000 femmes subissent des violences de la part de leur conjoint ou ex-compagnon, selon des chiffres officiels. En outre, plus de 250 femmes sont violées chaque jour, et une sur trois a déjà été harcelée ou agressée sexuellement au travail.