Nadine Trintignant, cinéaste et écrivain, 76 ans, publie actuellement La dormeuse, aux éditions Fayard. Un roman dans lequel des couples s'aiment, se quittent, emportent le lecteur vers d'autres personnages, se retrouvent ou se perdent. A cette occasion, la célèbre mais discrète auteure s'est confiée au magazine Gala (en kiosques mercredi 6 avril).
Avec sincérité, elle a révélé à quel point son envie d'écriture ne tarissait pas et la façon dont ses idées étaient rythmées par une plume spontanée. Cette fameuse plume qui a fait son succès l'a toujours aidée dans les moments difficiles, notamment suite au tragique décès de sa fille Marie Trintignant, morte en aout 2003 après une violente dispute avec son compagnon Bertrand Cantat.
Elle l'épaule également en ce moment, alors que l'amour de sa vie, Alain Corneau, a succombé à un cancer il y a six mois. Avec beaucoup d'émotion, l'artiste qui ne s'était exprimée depuis ce drame, a nuancé : "Écrire ne sauve d'aucune douleur. Mais le temps de l'écriture, et même si on évoque un événement terrible, on s'oblige, on doit s'obliger à chercher le bon mot, à travailler la phrase, on se concentre sur le style, et pendant qu'on le cherche on ne pense pas au pire."
Bouleversée par la perte de celui qu'elle aime, Nadine a expliqué à quel point il avait été l'une des clés de son existence, mais aussi de celle de ses enfants Marie, Pauline (toutes deux décédées) et Vincent, tous trois nés de son union avec Jean-Louis Trintignant. Ce dernier, rencontré sur le tournage de Ça n'arrive qu'aux autres en 1971, a toujours été proche d'eux, sans faire de forcing, et très attentionné, ne les laissant jamais manquer un jour de classe. Ces derniers lui suffisaient, et il n'a jamais eu le besoin d'en avoir à lui. "C'était ses enfants - sans enlever la paternité à Jean-Louis, évidemment. D'ailleurs, pour des questions administratives, d'héritage, il les a adoptés, avec l'assentiment de leur père" a-t-elle confié en dévoilant que Marie et Vincent s'appelaient Trintignant et Corneau.
Celle qui se décrit comme une maman dure (un trait de caractère dont elle n'avait pas conscience avant que son fils le lui reproche), se dit également être une grand-mère "inégale", surtout depuis quelques mois, à cause d'une énergie en perte de vitesse, un déclin survenu suite au décès d'Alain Corneau.
Pour conclure, si elle a connu de terribles souffrances et que le destin ne l'a pas épargnée, elle a tout de même eu le courage de lancer : "Je n'en veux pas à la vie". Une preuve de force inouïe et de distance, qui lui a donné une optique de la mort totalement sereine : "Vous savez, quand vos propres enfants y sont allés avant vous..."
Nadine Trintignant ou le courage et la dignité faites femme.