Alors que Bertrand Cantat entame sa première tournée solo mais vient d'annoncer qu'il renonçait aux festivals d'été pour éviter "toutes polémiques et faire cesser les pressions sur les organisateurs" et de publier une lettre réclamant le "droit à la réinsertion", Léa Salamé a consacré une bonne partie du nouveau numéro de son émission Stupéfiant à son cas. Après un reportage s'interrogeant sur les conditions du retour du meurtrier de Marie Trintignant, la journaliste a reçu Nadine Trintignant. Quinze ans après la mort d'une brutalité sans nom de sa fille (elle a reçu 23 coups), la comédienne et metteur en scène affiche un avis tranché sur le retour de Cantat et fait ce triste constat : "Le temps n'efface pas tout."
"Je trouve ça honteux, indécent, dégueulasse, qu'il aille sur scène... Comment ose-t-il", commence Nadine Trintignant. L'actrice de 83 ans ne retient pas ses mots. Selon elle, le retour sur scène de Cantat est une insulte : "Pourquoi n'écrit-il pas pour les autres ?", s'interroge-t-elle, soulignant que le problème réside dans le fait qu'un meurtrier connu soit sur scène et applaudi en connaissance de cause. "Ça n'a jamais existé", affirme-t-elle avec force.
Appeler cela un crime passionnel est une autre ignominie
Nadine Trintignant s'indigne également de la manière dont on décrit le meurtre de sa fille : "Appeler cela un crime passionnel est une autre ignominie. Vous êtes une femme, tout à coup vous avez une passion pour un homme. Vous risquez d'être tuée ? C'est ça la passion ?"
Quinze ans après cette tragédie, la mère de Marie Trintignant, qui dit ne pas avoir vu et ne pas vouloir voir les Inrockuptibles qui faisait leur une avec Bertrand Cantat en octobre 2017, fait ce terrible constat : "Les choses trop fortes, (...) ce qui est irrémédiable reste gravé au fer rouge dans votre cerveau toute votre vie. Quand les gens vous disent 'le temps arrange les choses', c'est complètement faux... Quand je laisse la porte de ma chambre ouverte, de mon lit, je regarde la porte et je vois Marie. Pourquoi les années effaceraient-elles une douleur ? Les années n'effacent rien. J'oublierai en mourant." La question du pardon est balayée dans la foulée. Pour Nadine Trintignant, le pardon, c'est l'oubli. De fait, il est impossible.