Natacha Polony contre-attaque. Accusée de "dérapage" après une plaisanterie postée sur Twitter sur la fameuse et controversée affaire Leonarda, cette jeune Rom scolarisée en France mais expulsée avec sa famille au Kosovo, la polémiste d'On n'est pas couché répond enfin à ses détracteurs. Après avoir admis sur le réseau social, histoire d'éteindre l'incendie, qu'elle avait fait "une mauvaise blague", elle répond dans une longue tribune publiée sur le site du magazine Marianne, dans lequel elle a officié de 2002 à 2009.
Il a donc fallu un peu plus d'une semaine à Natacha Polony pour "digérer" la polémique et surtout "laisser passer le soufflé", selon ses propres termes, avant de s'exprimer sur ce "dérapage". Un dérapage provoqué, rappelons-le, par une photo d'une Rom vêtue d'un plaid Givenchy posté sur Twitter et accompagnée de la légende "Leonarda est de retour en France pour la Fashion Week". Pas du meilleur goût évidemment, mais cette mauvaise blague a valu à la polémiste de sévères critiques qui l'ont visiblement touchée. "Un tel déferlement de violence, parfois de haine et d'insultes, ne peut pas ne pas affecter", raconte-t-elle.
C'est donc une Natacha Polony affectée qui se voit obligée de raconter précisément comment le tweet a pu être posté et surtout pourquoi. "La photo, envoyée par un ami, me frappe", explique-t-elle. Pourquoi ? Parce que l'image d'une Rom portant un plaid d'une marque de luxe raconte tout "le paradoxe d'un capitalisme mercantile fondé sur des marques" et "la quintessence de l'absurde". Concernant la légende, le point le plus sensible, elle reconnaît avoir pu faire un commentaire racontant sa "première impression", "quelque chose du genre 'le capitalisme par l'absurde'". Sauf qu'en humour, elle dit être branchée Hara-Kiri, Charlie Hebdo ou Pierre Desproges. "J'ai mauvais esprit, je le confesse, et un goût prononcé pour l'humour acide, voire acerbe", admet-elle.
Après les justifications, place aux attaques. Et Natacha Polony se veut toujours aussi mordante, parlant d'un "embrasement consternant" des médias sur ce tweet, pointant du doigt par exemple Libération, qu'elle estime coupable d'avoir coupé la photo pour que Givenchy n'y apparaisse pas, faussant par là le sens du message, Rue89 ou encore le site du Nouvel Obs. "Pensez donc, ils devaient être atrocement frustrés : pas moyen de la choper, la Polony, pas de déclaration provocatrice, pas de propos sur les Noirs ou les Arabes ou de clin d'oeil vers le FN", lance-t-elle, tout en remerciant au passage ceux qui l'ont soutenue sur le réseau social, comme Elie Semoun ou Maïtena Biraben. "Ah, le jour de gloire pour ces militants du Ku Klux Klan de la juste pensée", ajoute-t-elle à propos des médias qui l'ont brocardée.
Si Natacha Polony s'indigne, c'est au nom du droit à l'humour et à la liberté d'expression. "Ainsi, plaisanter est interdit. Ah non, rectifions. Plaisanter est interdit à certains", déplore-t-elle. Je revendique tous les matins, dans ma revue de presse d'Europe 1, le droit de pratiquer l'ironie, l'humour acide. Cela hérisse les gardiens du temple du bon goût. (...) Il existe désormais en France un Conseil de l'ordre des humoristes patentés. Personne n'a le droit de rire sans leur visa", dénonce-t-elle, sous-entendant même qu'ils font eux, le jeu du FN. "Savent-ils que chacune de leurs condamnations blesse un peuple déjà largement exaspéré ? Qu'elles sont un peu de carburant en plus pour le Front national qu'ils prétendent combattre ?", lance celle qui assure "détester le racisme", bien évidemment.
Mais alors, pourquoi Natacha Polony a-t-elle retiré son tweet si elle était dans son droit ? "J'ai retiré mon tweet par souci de ne pas impliquer les médias pour lesquels je travaille et parce que le maintenir aurait pu être perçu comme une provocation, justifie-t-elle. Mais sur le fond, j'assume et revendique mon trait d'humour, ne vous en déplaise, chers Imprécateurs", ajoute-t-elle, refusant de laisser "le monopole du rire" à certains. "Je continuerai donc à rire de tout à conscience déployée, de peur d'être obligée d'en pleurer", conclut-elle. La preuve ? Elle s'est même permis de chanter du Patrick Sébastien lors du dernier numéro d'On n'est pas couché... Bien moins risqué.