La prestigieuse école Sciences-Po recevait ce jeudi 5 avril un grand forum organisé par le magazine Elle, où tous les candidats à l'élection présidentielle étaient invités à venir débattre avec les étudiants et les lectrices du titre. Eva Joly, bien remise de sa chute, François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, François Hollande... et bien évidemment le président sortant.
Nicolas Sarkozy devait donc clôturer la journée PrésidentiELLE sur les coups de 17h, quelques minutes après sa conférence de presse dans laquelle il présentait le programme de son quinquennat après avoir enchaîné les meetings. Las. Point de candidat en vue. "Merci pour votre patience. Car vous l'avez sans doute imaginé, les choses ne se déroulent pas comme prévu...", déclarait alors Bruce Toussaint à la salle chauffée à blanc. "Nous venons d'apprendre avec beaucoup de regrets que Nicolas Sarkozy ne viendrait pas. Son équipe de sécurité a estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour que son débat et son arrivée se fassent dans de bonnes conditions", poursuivait Valérie Toranian - fâchée de cette défection ! -, la directrice de la rédaction du féminin. En cause ? Quelques étudiants qui attendaient le candidat avec des slogans hostiles, comme ce fut le cas pour Marine Le Pen, entre autres, qui elle était bien présente. Bien loin des habituels accueils enthousiastes qu'il reçoit lors de ses grandes réunions publiques.
"Sa décision, je la déplore. Nous avions un pacte : que tous les candidats viennent personnellement", a ajouté Valérie Toranian, avant d'annoncer que Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole de Nicolas Sarkozy, allait prendre sa place après avoir assisté à l'Equinoxe à la présentation de sa lettre au peuple français, de magnifiques et très hautes chaussures aux pieds... Mais au lieu d'apaiser la salle qui n'a que peu goûté le faux bond du président sortant, NKM a souhaité dénoncer un "traquenard, compte tenu de ce qui était préparé ici", tentant de s'exprimer sous les huées du public après avoir vainement présenté des excuses, égratignant le journal au passage : "Je vous prie de l'excuser, je vous présente ses regrets. Quand je vois l'attitude la direction (du magazine, NDLR), je me dis que vraiment, Nicolas Sarkozy a eu raison de ne pas venir." Avant d'insister : "Le Président a bien fait de ne pas venir." En plus du mécontentement de la salle, qui s'est bien fait entendre, Nathalie Kosciusko-Morizet a dû faire avec une intervention inattendue du collectif de La Barbe, venu protester silencieusement, comme à son habitude, pour "rendre visible la domination des hommes dans les hautes sphères du pouvoir, dans tous les secteurs de la vie professionnelle, politique, culturelle et sociale".
Valérie Toranian a répondu de manière laconique à ces accusations. "La sécurité de Nicolas Sarkozy n'était pas du tout en danger, je crois que, malheureusement, il a préféré ne pas venir plutôt que d'avoir à traverser une rue et le hall de Sciences-Po où il y avait des étudiants qui criaient des slogans, comme ils en ont crié contre Marine Le Pen d'ailleurs et contre un candidat sur deux", a-t-elle confié suite à ce que l'on pourrait appeler une sortie de route pour le candidat. S'adressant aux personnes présentes, la directrice de la rédaction du magazine a tenu à exprimer son mécontentement : "Je regrette que cette journée se finisse comme ça, je comprends votre déception, elle est à la hauteur de la mienne. Nous avons tout fait pour que les équilibres soient respectés. Malheureusement, Nicolas Sarkozy n'a pas affronté la traversée de la rue Saint-Guillaume et je le regrette profondément." Une absence d'autant plus regrettable au vu des circonstances exceptionnelles liées au décès de Richard Descoing, le directeur de l'établissement, le 3 avril dernier à New York : "Je trouve que dans les circonstances actuelles, la mort de Richard Descoings, ça aurait eu de la classe et de la gueule que Nicolas Sarkozy soit présent dans cet amphi pour s'exprimer." Elle a raison !