Il a souvent clamé par le passé : "Je n'ai pas besoin de l'équipe de France". Aujourd'hui, l'équipe de France n'a plus besoin de Nicolas Anelka. Et s'en rend compte un peu trop tard, puisque l'attaquant, en panne d'inspiration sur le terrain mais pas à sec en matière de provocation, a eu le temps de signer son seul coup d'éclat lors de cette première Coupe du monde en sol africain : "Va te faire enculer, sale fils de pute", a-t-il balancé à Raymond Domenech à la mi-temps du match catastrophique des Bleus face au Mexique, jeudi soir, en réponse à des consignes tactiques formulées poliment.
Conséquence directe, l'avant-centre de Chelsea, qui n'en est pas à sa première incartade mais a passé les bornes de ce qui était tolérable, a été, après réunion d'un conseil de discipline extraordinaire, exclu de l'équipe de France. Noël Le Graet, vice-président de la Fédération, a confirmé l'information auprès de la station RTL.
Absent de la séance d'entraînement du groupe France ce samedi, Nicolas Anelka a d'ores et déjà appelé deux de ses proches pour les prévenir qu'il était sur le chemin du retour.
Une conférence de presse de l'équipe de France doit avoir lieu en fin d'après-midi : et si c'est le capitaine courage Jérémy Toulalan qui était aller au charbon après l'indigeste défaite qui a quasiment éliminé la France de la compétition, ce sera cette fois au tour de Patrice Evra, capitaine aux nerfs fragiles, d'affronter l'incendie. Le président de la Fédération Française de football Jean-Pierre Escalettes pourrait également faire une intervention. Une perspective qui invite à s'interroger sur d'éventuelles conséquences ultérieures : on se souvient qu'en 1988, pour avoir traité Henry Michel de "sac à merde", Eric Cantona s'était vu privé de tunique bleue pour un an. Après des années de relations tumultueuses, le divorce apparaît définitivement consommé entre Anelka et l'équipe de France.
Les faits semblent plus nébuleux, selon Emmanuel Petit, consultant de France Télévisions pour la Coupe du Monde, qui s'exprimait ce samedi après-midi sur le plateau de Laurent Luyat, se réclamant de "proches" de Nicolas Anelka : selon les sources que le champion du monde 1998 cite, Nicolas Anelka serait dans un véritable "état de désolement" et aurait émis le voeu de regagner la France dès hier, s'excluant spontanément et conscient des faits, mais ne l'aurait pas fait, faute d'avion. Il aurait également demandé à s'exprimer en conférence de presse vendredi : un souhait rejeté par le staff tricolore, qui aurait attendu en vain des excuses dans la journée du vendredi (une explication à cette sanction tardive, 48h après les faits ?). Corollaire : alors qu'on espérait une rebellion "pour l'honneur" des Français face à l'Afrique du Sud, Emmanuel Petit évoque le fait que d'autres joueurs n'auraient déjà plus le coeur à porter le maillot bleu dans cette Coupe du monde...
Des maux au-delà des mots...