Bas les masques ! En cette période de crise sanitaire, certains gestes barrières ne sont pas au goût de Nicolas Bedos. Et en faisant savoir son envie de respirer à l'air libre, le comédien a trouvé un écho phénoménal. Sa tirade a été relayée par un très grand nombre de Français, las de cette situation interminable... mais a aussi soulevé le coeur de l'autre partie de la population. Fatigué de devoir se justifier, surpris d'avoir été érigé en leader d'opinion, le réalisateur s'est accordé un droit de réponse dans le journal Le Point.
Mon laïus matinal pas motivé par mon regret de ne plus pouvoir trinquer avec d'autres "porcs pleins de fric"
"Sorti de son contexte, le petit texte que j'ai lancé comme un pavé dans le marécage du Web était – pour le moins – excessif et maladroit, a-t-il confessé. Il m'oblige aujourd'hui à préciser ma position – si tant est que j'en aie une, égaré comme vous tous dans une incertitude morbide. Contrairement aux brillantes analyses que j'ai pu lire ici ou là, mon laïus matinal n'était pas motivé par mon regret adulescent de ne plus pouvoir trinquer avec d'autres 'porcs pleins de fric' aux terrasses des bistrots (quoique ce fût, je le concède, un de mes sports favoris). Non, j'ai écrit ces quelques mots au lendemain de la messe organisée pour mon parrain dont je ne regretterai jamais assez de n'avoir pu, confinement oblige, accompagner les dernières heures et autres mots d'esprit"
C'est le texte d'un type qui vient de passer l'été à enterrer des êtres chers
Il est vrai que l'année 2020 ne fut pas bonne pour Nicolas Bedos. Il a tout d'abord fait ses adieux à son guide, son maître à penser, l'homme de lettres Jean-Loup Dabadie, le 24 mai 2020. Quelques heures plus tard, le 28, c'est son père Guy Bedos qui tirait sa révérence. Beaucoup à encaisser pour un seul homme, d'autant plus qu'il a été impossible, en raison de la pandémie du coronavirus, d'approcher ces êtres chers en pleine souffrance. "C'est le texte d'un type qui vient de passer l'été à enterrer des êtres chers aussi régulièrement qu'Olivier Véran change d'avis, poursuit le cinéaste. Un 'affreux libertaire' que la guerre sanitaire engage à la distanciation au moment même où sa famille réclame du rapprochement. Oui, en crachant cette litanie, je n'avais pas pris la mesure de l'insulte qu'elle semblait postillonner aux masques des soignants qui se battent pour nos gueules, aux flics qui s'épuisent à nous protéger de nos ivresses affectives et à tous ceux – dont je suis – qui ont peur pour leurs proches et eux-mêmes." À la tête du film La Belle Époque, Nicolas Bedos n'était sans doute pas prêt à en vivre une autre, un peu moins douce...