Coup dur pour le "Raymond" de Carla Bruni-Sarkozy, énième rebondissement et pas des moindres dans la tentaculaire affaire Bettencourt : jeudi 21 mars 2013, Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour "abus de faiblesse" sur la personne de Liliane Bettencourt.
Question de financement
Au coeur de cette affaire, un transfert d'argent en liquide de 150 000 euros début 2007 demandé par Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de L'Oréal et " soi-disant" remis à l'ancien ministre Eric Woerth, lui aussi mis en examen, alors trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy. L'ancien président a-t-il financé illégalement une partie de sa première campagne présidentielle ? C'est la question à laquelle le juge d'instruction bordelais Jean-Michel Gentil s'acharne à répondre. Le 3 avril 2012, Nicolas Sarkozy dément mais admet connaître André Bettencourt, le défunt mari de l'héritière L'Oréal, et l'avoir rencontré à son domicile "une fois" en 2007. L'été suivant, ses bureaux parisiens, son domicile du XVIe arrondissement et son ancien cabinet d'avocat sont perquisitionnés. Le 2 novembre, le juge Gentil auditionne durant douze heures l'ancien président qui ressort sous le statut de témoin assisté, sans être mis en examen.
On aurait pu en rester là, c'était la prédiction de l'avocat de Sarkozy, Me Thierry Herzog, qui déclarait alors qu'il "n'y [avait] pas de convocation prochaine" et "espérait" que c'était "une affaire qui n'existait pas et n'existe plus". Mais jeudi soir, Nicolas Sarkozy est confronté à plusieurs membres du personnel de Liliane Bettencourt dans le cabinet du juge d'instruction. Combien de fois s'est-il rendu au domicile des milliardaires ? À l'issue de cette confrontation, le parquet de Bordeaux annonce par communiqué que Nicolas Sarkozy est mis en examen pour des "abus de faiblesse" au préjudice de la milliardaire, commis en février 2007 et courant 2007.
Et de 17 !
Invité ce vendredi matin à réagir sur RTL, Me Thierry Herzog a indiqué que Nicolas Sarkozy "a considéré que le traitement qui lui était infligé" par la justice dans l'instruction du dossier Bettencourt était "scandaleux". "Est-ce que vous pensez que l'instruction a vraiment été à charge et à décharge ?", a ajouté l'avocat, soulignant les très nombreuses auditions de membres du personnel de Liliane Bettencourt - plutôt des témoins à charge dans cette affaire - réalisées par le juge Jean-Michel Gentil. Son avocat a annoncé son intention de "former immédiatement un recours".
Nicolas Sarkozy est le deuxième chef de l'Etat français, après Jacques Chirac, à être mis en examen par la justice. Son renvoi en correctionnelle, s'il avait lieu, compromettrait un éventuel retour en politique en 2017. Interrogé ce matin par France 2, Jean-François Copé, président de l'UMP, a déclaré : "J'ai eu Nicolas Sarkozy au téléphone et nous avons parlé ensemble hier soir. Comme vous pouvez l'imaginer, il est lui-même dans le même état d'esprit d'incompréhension." Hier soir, Nicolas Sarkozy est rentré à son domicile, Carla n'était pas là, retenue à Berlin pour les Echo Awards.
Il s'agit de la 17e mise en examen dans cette affaire qui a débuté par une plainte de la fille de la milliardaire, Françoise Bettencourt-Meyers, à l'encontre de François-Marie Banier. Le photographe et son compagnon Martin Le Barrois d'Orgeval, pas mal secoués par le juge Gentil, ont été mis en examen pour "escroquerie, abus de confiance, blanchiment, abus de faiblesse et recel" au préjudice, toujours, de Liliane Bettencourt.