Réactualisation de 20h30 : François-Marie Banier et son compagnon Martin Le Barrois d'Orgeval ont été mis ce jeudi en examen des chefs "d'escroquerie, abus de confiance, blanchiment, abus de faiblesse et recel" au préjudice de Liliane Bettencourt. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec, entre autre, obligation de verser un cautionnement dont on ne connaît pas le montant. Patrice de Maistre, l'ancien gérant de la fortune de Liliane Bettencourt qui a été interpellé ce mercredi 14 décembre et mis en détention, devrait rejoindre Bordeaux dans les mêmes conditions que Banier et d'Orgeval (dans un avion de ligne, menottes aux poignets !) pour une éventuelle mise en examen... Ça ne rigole pas du tout à Bordeaux, les grands moyens sont de mise !
François-Marie Banier et son compagnon Martin d'Orgeval ont été mis en examen par le juge bordelais Jean-Michel Gentil dans le cadre d'une information judiciaire pour "escroquerie, abus de confiance, blanchiment, abus de faiblesse et recel" ouverte le 29 septembre. Malgré une interpellation musclée, deux nuits en prison et un rapatriement manu militari à Bordeaux, les deux hommes ont été laissés libres, selon leur avocats. L'affaire Liliane Bettencourt n'en revient pas moins dans l'actu avec ce sévère retour de bâton.
Le photographe et son compagnon, qui exerce la même profession, ont été interpellés lundi à 6h du matin à leur domicile parisien par la brigade financière. Placés en détention à la prison de la Santé, ils ont passé deux nuits dans le quartier dit VIP. Arrivé sans le sou, le couple a reçu les vingt euros réglementaires alloués aux détenus désargentés. Ils ont, selon l'AFP, "cantiné" des madeleines et de l'eau minérale.
Deux prisonniers menottés
Ce mercredi 14 décembre, ils ont été conduits par avion en Gironde dans le but de rencontrer le juge. À 12h50, ils ont atterri à l'aéroport de Bordeaux-Mérignac. François-Marie Banier et Martin d'Orgeval sont descendus menottés de l'appareil Air France et encadrés d'une demi-douzaine de gendarmes, selon Europe 1. S'ils n'avaient pas été arrêtés, les deux hommes avaient prévu de se rendre à New York ; ce mandat d'amener délivré par le juge a permis de les en empêcher. Me Pierre Cornut-Gentille, leur avocat, s'est insurgé mardi contre cette méthode, estimant que M. Banier "aurait annulé son voyage sans problème" si on le lui avait demandé. Il aurait effectivement suffit de les convoquer... Pourquoi un tel déploiement de force et d'argent... du contribuable ?Ce que l'on reproche au photographe et à son compagnon est grave. Ils doivent s'expliquer sur leurs relations avec la milliardaire Liliane Bettencourt et les largesses dont ils ont bénéficié à partir de septembre 2006, date à laquelle les experts évaluent le début de " l'altération des facultés mentales" de l'héritière L'Oréal. Si Liliane Bettencourt n'avait déjà plus toute sa tête, ces cadeaux ont pu être extorqués, c'est ce que pense le juge. On reproche à François-Marie Banier et Martin d'Orgeval d'avoir reçu respectivement 103 et 23 millions d'euros de l'héritière, selon Le Monde et RTL. Ils comptent affirmer que ces cadeaux avaient été faits de plein gré. L'avocat des deux hommes a parlé de "procédé brutal, coercitif et infâmant" en précisant que D'orgeval était "très affaibli et extrémement choqué".
Le juge se déchaîne
C'est donc cette expertise médicale commandée par le juge Gentil qui replace François-Marie Banier au coeur de l'affaire. Décidé à ne rien lâcher, le magistrat a lancé également une opération spectaculaire sur la personne de Patrice de Maistre. Lorsque l'héritière et sa fille Françoise Bettencourt-Meyers se sont réconciliées, en décembre 2010, leur accord prévoyait la mise à l'écart de Banier et de son ancien homme de confiance Patrice de Maistre. Ce dernier a été interpellé mercredi matin à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle à son retour du Gabon. Il est également soupçonné d'avoir soutiré de l'argent à Liliane Bettencourt. Placé sous mandat de dépôt à Bobigny, il doit être lui aussi transféré à Bordeaux sous quatre jours.
Une source proche du dossier indique à l'AFP que l'acteur Pascal Greggory, oncle de Martin d'Orgeval, pourrait être convoqué prochainement. Idem pour Pascal Wilhelm, qui a remplacé dans ses fonctions Patrice de Maistre avant d'être évincé par la juge des tutelles de Courbevoie en octobre : une mesure pour protéger l'héritière au même titre que sa mise sous la triple tutelle de sa fille et de ses petits-fils.
De gros soupçons pèsent sur Wilhelm. Il semblerait que Liliane Bettencourt ne rédigeait pas elle-même ses courriers et se contentait de "signer les lettres préparées par le cabinet de Monsieur Wilhelm", peut-on lire dans une ordonnance (citée mercredi par Le Monde) signée par le président du tribunal de Bordeaux, Christian Riss, à propos de certaines pièces saisies lors d'une perquisition au bureau de Me Wilhelm le 13 octobre.