C'est le sourire de Nicoletta Mantovani qui nous a marqués lors de ses rares apparitions au cours des deux dernières années, qu'il s'agisse de sa présence élégante lors des événements mondains et modeux transalpins, ou de son recueillement avec sa petite Alice lors de l'éblouissant hommage rendu à feu son mari, Luciano Pavarotti. Une belle prestance de façade qui maquille bien une existence agitée de tourments...
Outre les rancoeurs que n'a pas manqué de générer la love story de l'ancienne secrétaire personnelle avec le célèbre ténor, qui l'avait épousée en 2003 à l'âge de 68 ans après s'être tiré d'un divorce onéreux d'avec celle qui fut sa femme pendant 34 ans et la mère de ses trois premiers enfants, Adua, la vie lui a réservé un certain nombre d'épreuves douloureuses : du diagnostic d'une pathologie lourde à ses 24 ans (la sclérose en plaques), au décès de son époux moins de quatre années après leur union, sans oublier leur enfant mort-né, Ricardo, jumeau d'une ravissante petite fille qui a survécu, Alice.
Alice a aujourd'hui 6 ans, et tire sa mère vers le haut : "Elle a été mon - notre - plus grand cadeau, confie-t-elle dans l'édition de Paris Match à paraître demain. J'exagère à peine en disant que nous l'avons désirée pendant dix années. Elle est née dans un contexte difficile, un tourbillon de vie et de mort [Nicoletta a appris qu'elle avait une tumeur durant sa grossesse, et le frère jumeau d'Alice est mort pendant l'accouchement]. Quant à elle, prématurée, née avec les poumons encore fermés, rien ne lui a été épargné. Mais dès le début elle s'est montrée combative, pleine de vitalité ; elle a le thorax et le caractère de son père. Et ses yeux ! Des yeux fiers et accueillants... En une nanoseconde, elle connaissait tout de moi, et elle ne me quittait pas des yeux".
Et plus loin, évoquant "l'amour inconditionnel de l'existence" de Luciano, qui l'aidait "à dépasser tous les drames" et lui manque tant, à elle, c'est encore Alice qui vient illuminer les ténèbres : "J'ai Alice, ma lumière. Je ne sais pas ce que je serais devenue sans elle".
La fillette, qui "dépose chaque semaine un dessin sur la tombe du 'papa qui chantait'", n'a pas été épargnée par le calvaire intime qu'a vécu le couple, lié au cancer du pancréas dont était atteint le grand Pavarotti et l'a emporté sous les yeux de sa femme, laquelle raconte : "Elle le voyait même dans les moments très pénibles, lorsqu'il était sous perfusion ou qu'il souffrait de nausées. Parfois, elle le nourrissait à ma place et disait : 'Aujourd'hui, l'amie de papa, c'est moi'."
Une auxiliaire inespérée qui a peut-être "sauvé" la situation, car "quand quelqu'un tombe malade, c'est tout son entourage qui tombe malade et qui a besoin d'aide". Et une fois le tragique dénoué par la mort, les choses ne s'apaisent pas pour autant, et Nicoletta, aujourd'hui âgée de 40 ans, qui a connu une spectaculaire métamorphose physique entre le moment de sa rencontre (il y a une vingtaine d'années) avec Luciano et maintenant, avoue sans ambages ses difficultés à revivre : "Ma valise est lourde à porter. Ensuite, je devrais être dans une certaine disposition : tu as beau te maquiller et aller danser, si tu n'y es pas, tu n'y es pas. Enfin, de toute façon, ce ne sont que des mots, parce que personne ne s'intéresse à moi : depuis deux ans, je n'ai jamais été invitée à diner".
Son expérience, qui en aurait abattu irrémédiablement plus d'une, elle a choisi de la partager, en signant la préface d'un livre à l'initiative de l'association italienne de lutte contre la leucémie intitulé Quando la vita cambio colore. Un témoignage à la frontière du sacrifice total de soi, à retrouver dans Paris Match en date du jeudi 7 janvier...