Le 18 octobre, Nikos Aliagas, après avoir interviewé la veille virtuellement Georges Brassens à l'occasion des trente années de la disparition du chanteur, interrogeait Carlos sur Europe 1. Cette figure du terrorisme des années 70 est condamnée par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité pour meurtres.
Depuis la prison de la Santé, Ilich Ramirez Sanchez, dit aussi Le Chacal, qui doit être jugé du 7 novembre au 16 décembre pour des attentats commis en France en 1982 et 1983, a répondu aux questions du journaliste avec un franc parler percutant, un très joli coup médiatique pour Nikos.
Plainte contre Charles Pasqua, film d'Olivier Assayas retraçant son parcours (long métrage qu'il qualifie de "manipulation grossière"), ou son opinion quant au colonel Khadafi, il s'est exprimé librement, mais il semblerait que la parole qu'il a pris la liberté de prendre ne lui ait pas réussi.
Selon Le Parisien, Carlos a été placé à l'isolement le 19 octobre. D'après un document de l'administration pénitentiaire transmis à son avocate, Maître Isabelle Coutant-Peyre - qui est également l'épouse de Carlos -, cette décision fait suite à l'interview de Nikos Aliagas ! Les questions de l'animateur seraient donc l'une des causes de ce nouveau traitement ? Selon Libération, l'entretien paru mercredi 19 octobre dans le quotidien, serait également en cause.
Excepté des coups de fil amicaux et familiaux, le détenu n'est pas en droit de communiquer ainsi avec l'extérieur. Il a donc été mis à l'écart fin "d'éviter toute réitération de ce type d'infraction". Nikos était-il au courant que Carlos n'avait pas le droit de parler aux médias ? Probablement pas.
En même temps, Carlos est le roi de la provoc' et ce n'est pas la première fois qu'il donne des interviews interdites, ce qui lui permet de faire du buzz : En 2006, il avait répondu aux questions de Laurent Delahousse, alors présentateur de Secrets d'actualité sur M6. La diffusion de cet entretien avait été suivie d'une plainte du procureur de la République qui estimait que Carlos y faisait l'apologie du terrorisme en manifestant "une grande satisfaction" après les attentats du 11 septembre. A l'époque, le terroriste avait estimé que l'émission avait déformé ses propos.
Puis, c'est toujours depuis sa prison que Carlos avait répondu en mai 2010 aux questions de Jean-Alphonse Richard, journaliste de RTL. Alors qu'il a été condamné à perpétuité, cet entretien téléphonique a été rendu possible car le prisonnier a droit à trois coups de fil : sa famille, ses avocats, son ambassade. C'est lors d'un de ces rendez-vous que le journaliste a pu l'interroger, ce qui était interdit.
Son avocate, qui a rappelé les mesures abusives d'isolement dont son client a été victime par le passé (ce pourquoi la Cour européenne des droits de l'homme a même été condamnée), a réagi en écrivant une lettre à la directrice de la Santé. Elle y dénonce "un nouvel acte illégal" et une "entrave à ses droits de la défense, en le privant de la possibilité de préparer son procès", notamment en n'ayant pas accès à son ordinateur pour lire le dossier de procédure sur support DVD.
Afin de s'opposer à son isolement, Carlos s'est mis en grève de la faim.
Le triptype télé d'Olivier Assayas consacré à Carlos (qui dure 5h30) est diffusé ce soir et demain vendredi à 20h40 sur Arte.