A la sortie, on s'extasie beaucoup, incrédule, sur... l'âge de Gwen Stefani. A 43 ans, l'ultrastylée frontwoman de No Doubt vient de bluffer un public parisien de quelque 2 500 happy few (pas si few, mais tellement happy) conviés mardi 6 novembre 2012 au concert privé unique HP Music Connected, à la Maison de la Mutualité à Paris, du groupe californien - le premier en trois ans, rappelle avec délectation la blonde icône, avant une série de six dates à Los Angeles à partir de la fin du mois.
Réactivé et back on track après onze ans d'absence discographique avec le remuant Push and Shove paru en septembre, un sixième album très électrique et métissé, No Doubt, pour son deuxième passage en France en deux mois, a de nouveau créé l'événement.
Prêt à recevoir les nouvelles good vibes sonores de No Doubt retrouvé, sous les auspices de Settle Down, premier single orienté world music et marqué par les penchants ragga bien connus du groupe, et de Looking Hot, deuxième extrait trépidant et aguicheur doté d'un clip transformant Gwen Stefani en redoutable squaw (un choix artistique qui n'a pas plu à tout le monde...), le public a contre toute attente été gratifié d'une soirée revival, faisant un bond dans le temps de 10 à 15 ans, vibrant au son des hits incontournables du groupe. Et, par la même occasion, se confrontant à cette évidence : Gwen n'a pas changé, Gwen ne change pas.
Maman de deux adorables bambins, Kingston, 6 ans, et Zuma, 4 ans, nés de son marige avec Gavin Rossdale (Bush), Gwen Stefani a semblé pour son retour sur scène avoir le don d'éternelle jeunesse. Liane souple au ventre plat d'acier et aux abdos enviables, la chanteuse, avec ses complices, a revisité avec beaucoup de gourmandise les grands classiques de No Doubt - un exercice que bien des artistes rechignent à faire -, se contentant d'y incorporer en plusieurs fois trois nouveaux titres.
Eveil en fanfare au son de Sunday Morning et ses premières harmonies vocales superbes, que les trentenaires ont de suite reconnu, issu de l'album culte Tragic Kingdom, sorti en 1995, et assouplissements délicieux avec le très dansant Hella Good et sa basse harassante, échappés de l'album Rock Steady (2001), le dernier du groupe jusqu'à Push and Shove. Puis Looking Hot, nouvelle pépite, fait la démonstration en live de la puissance de son refrain et du moelleux de son bridge raggamuffin, un régal... Suivront Underneath it all (Rock Steady), toujours aussi chaloupé, It's My Life (on aurait adoré revoir en même temps le génial clip réalisé à l'époque par David LaChapelle), et Settle Down, le petit nouveau. Re-flashback et re-folie avec Don't Speak, qui n'a pas vieilli, et Just a Girl, sans doute le point culminant de la soirée, deux sommets de Tragic Kingdom. Gwen Stefani, impressionnante de charisme, n'en finit plus de gigoter, Tony Kanal, le bassiste monté sur ressorts, n'en finit plus de nous montrer sa crête caractéristique sous toutes les coutures, et Tom Dumont, à la guitare, n'en finit plus d'être classe et zen. C'est le moment de haranguer la foule pour un petit tour de Hey Baby (Rock Steady), et, sans perdre le rythme, d'interpréter l'excellent Push and Shove, qui donne l'occasion à Stephen Bradley et son flow de briller tandis que la voix de Gwen, toujours impeccable (et toujours sans la moindre bande de soutien) s'envole sur la superbe phrase musicale du refrain.
Un talent harmonique et un engagement énergique intacts. On l'avait bien deviné en écoutant Push and Shove.