Il ne fallait évidemment pas compter sur le remords ou la compassion des ravisseurs après l'appel télévisé désespéré lancé par Obi Mikel suite au kidnapping de son père, mais plutôt sur l'enquête et l'intervention musclée de la police pour espérer un happy end. Qui a eu lieu.
Michael Obi, père du milieu de terrain vedette du club de Chelsea John Obi Mikel et patron d'une société de transport à Jos, ville du centre du Nigéria où vit toute la famille, a été libéré grâce à un raid lancé par les autorités sur le lieu où il était détenu, a annoncé lundi la police nigériane. Il avait été enlevé vendredi 12 août à la sortie de son travail. Le surlendemain, dimanche 14 août, son fils John Obi Mikel, international nigérian et pièce maîtresse de l'effectif des Blues de Chelsea depuis 2006, 24 ans et 80 000 euros hebdomadaires de revenus, tenait malgré l'inquiétude sa place sur le terrain pour la reprise de Premier League, après avoir été informé la veille par son entraîneur de la situation et pour honorer le souhait de sa mère. Quelques heures plus tard, toujours sans nouvelles de son père et n'ayant toujours pas reçu de demande de rançon (procédé qui est monnaie courante dans le pays, les gangs ciblant notamment les riches industriels de l'industrie pétrolière du delta du Niger), il adressait un message aux ravisseurs de son père : "C'est un vieil homme, qui n'a fait de mal à personne pour autant que je sache. J'ai toujours fait ce que j'ai pu pour aider mon pays de toutes les manières possibles, en jouant pour mon pays, en servant mon pays. Au tour de mon pays de m'aider à affronter cette épreuve. Nous sommes, mon frère et moi, toujours en état de choc, on n'arrive toujours pas à y croire, et on ne sait pas quoi faire. Normalement, Jos est une ville sûre et ce genre de choses y sont exceptionnelles. Ma famille y a passé toute sa vie, les kidnappeurs savent forcément qui est mon père et qui est son fils."
Lundi, la police de l'Etat de Kano, dans le nord du pays, s'est présentée en conférence de presse et a indiqué, en présence de Michael Obi, avoir appréhendé six suspects, cinq hommes et une femme, lors du raid ayant permis de le délivrer suite à un indice sur le lieu de sa séquestration. "Comme vous pouvez le constater, Obi est ici. Il semble fatigué", a signalé le chef de la police, Ibrahim Idris.
Présentant des traces de coups reçus sur le visage, Michael Obi a raconté les circonstances de son rapt (des hommes habillés en soldats l'ont contraint sous la menace à monter dans une fourgonnette qui lui avait coupé la route), les violences subies durant sa détention et la rançon exigée par ses ravisseurs : "Ils m'ont battu violemment et n'ont arrêté qu'une fois que j'étais très faible (...) Ils m'ont demandé si j'étais prêt à payer les 10 millions de nairas [45 000 euros environ, NDLR] pour être relâché, j'ai répondu par l'affirmative." La rançon n'aura finalement pas été versée, grâce à l'intervention de la police.
Une issue heureuse, à l'instar de la mésaventure vécue en 2008 par le comptriote d'Obi Mikel, Joseph Yobo, dont le frère avait été enlevé puis relâché une dizaine de jours plus tard sans qu'on sache si une rançon avait été versée. L'inquiétude reste de mise : fréquents dans le sud pétrolifère du pays, les enlèvements tendent à se multiplier dans l'ensemble du Nigéria...