Ce mercredi 17 juin, le monde du rugby néo-zélandais a rendu un hommage émouvant à Jerry Collins, tragiquement disparu en même temps que sa femme dans un accident survenu le 5 juin dernier. Quelques-unes des plus grandes légendes des All Blacks, de Jonah Lomu à Richie McCaw en passant par Dan Carter, étaient présentes pour un dernier au revoir.
Rires et souvenirs
En exécutant le traditionnel Haka au bord de l'autoroute, les Néo-Zélandais de France avait rendu un premier et vibrant hommage à Jerry Collins, décédé le 5 juin dernier aux abords de Béziers dans un accident de voiture avec son épouse, alors que leur enfant de 3 mois est toujours hospitalisée au CHU de Montpellier dans un état stable mais qui reste "préoccupant". Ce mercredi, les obsèques du troisième-ligne aux 48 sélections sous le mythique maillot des Blacks se déroulaient dans son village de Porirua, devant 3 000 personnes.
Au fur et à mesure de la cérémonie, les rires se sont multipliés, en écho à la personnalité de ce colosse de 1,91 cm et 108 kilos qui terminait sa carrière à Narbonne au moment du drame. "C'était une superbe cérémonie, à l'image de Jerry, c'est-à-dire pleine de spontanéité", a déclaré à Michael Jones, légendaire troisième ligne des Blacks champion du monde en 1987 dont s'inspirait Jerry Collins. Une cérémonie qui s'est tenue dans le petit gymnase Te Rauparaha Arena, dont quelques images sont à découvrir sur le site du DailyMail. Le journaliste de L'Équipe Clémin Dossin, présent sur place, rapporte de nombreuses anecdotes sur l'événement. Les maillots retraçant le fil de sa carrière avaient fait le déplacement, du bleu de Norths où il débuta à 6 ans, au jaune des Hurricanes, où le talent du joueur se révéla au grand public.
"Jerry, tu avais sur le terrain un temps de réaction incroyable. En une fraction de seconde, tu giclais de la mêlée pour aller plaquer. Je sais que tu as eu le même réflexe. Tu as pris ton bébé dans les bras, tu l'as protégé de tout ton corps et lui a donné une chance de pouvoir se battre pour survivre. Voilà le genre d'homme et de joueur que tu étais, mon frère", déclarait en larmes son cousin, ancien All Black et joueur du Racing Metro 92 Chris Masoe, qui accompagnait le corps du défunt en Nouvelle-Zélande.
"On l'aimait tous"
Richie McCaw, l'actuel capitaine des Blacks, Dan Carter, Mils Muliaina, Tana Umaga, Ma'a Nonu et bien d'autres étaient présents, certains prenant la parole pour saluer sa mémoire. "On l'aimait tous. Il était toujours là pour vous. Il nous manquera toujours", déclara le survivant Jonah Lomu. Ils évoquèrent ainsi son impact, aussi bien sur le terrain que dans la vie, à l'image de ce témoignage poignant de son agent et ami, Tim Castle : "Sur terre, il y a ceux qui changent votre vie à jamais en une fraction de seconde et ceux qui, malgré plusieurs années à vos côtés, ne changent rien. Je n'ai pas besoin de dire dans quelle catégorie se situait Jerry."
Comme le révèle L'Équipe, chacun ira de sa petite anecdote, à l'image de Tana Umaga, son cousin chargé de veiller sur lui, avec qui il a partagé le maillot de la sélection. "J'ai souvent été celui qu'on appelait pour calmer ou raisonner Jerry, confia-t-il. Même les coaches parfois venaient taper à ma porte : '- Tana, fais quelque chose pour que Jerry enfile au moins un T-shirt. - Tu n'as qu'à lui dire, c'est toi le coach. - Non, Tana, j'ai trop peur de lui.'" La plupart d'entre eux évoquent la personnalité du joueur, tout à la fois discret, bon vivant et qui d'un sourire pouvait rendre le moral à quiconque.
L'hommage de son beau-père
Brenda, l'une de ses soeurs, s'est souvenue avec émotion de leur jeunesse : "Nous avons reçu une éducation, disons, stricte. Papa avait une moto. Dès qu'il s'en allait, Jerry piquait la moto, faisait un tour et la remettait, au millimètre près, à la même place. Mais quand il se trompait d'un millimètre..." Mais comme le notent l'ensemble des médias, le plus bel hommage est sans doute venu du père d'Alana, l'épouse canadienne de Jerry Collins.
"Avant de nous présenter Jerry, Alana nous avait dit qu'il jouait au rugby. Mais vous savez, le rugby au Canada... Et elle nous avait demandé de ne pas lui poser trop de questions à ce propos pour ne pas le mettre mal à l'aise car, avait-elle précisé, il était très humble. Lorsqu'ils sont repartis, deux jours plus tard, j'ai dit à ma femme : 'Je vais quand même vérifier sur internet qui est ce Jerry Collins.' Et là, wouahou ! C'était comme si on avait eu Wayne Gretzky [canadien et considéré comme le meilleur joueur de hockey sur glace de tous les temps, NDLR] à dîner à la maison !", révéla-t-il ainsi.
Un ultime au revoir du monde de l'Ovalie pour l'un de ses plus illustres et touchant représentant...