Extrêmement chagrinée par le décès, survenu le 2 octobre à son domicile du château de Zywiec (sud de la Pologne), de l'archiduchesse Marie-Christine (Maria Krystyna) de Habsbourg, princesse d'Altenbourg, âgée de 88 ans, la Pologne a rendu grâce à une admirable patriote et la région de Zywiec a fait des adieux émus à cette icône locale et nationale, à l'occasion de ses obsèques, le 11 octobre.
Les cérémonies funéraires ont eu lieu au château familial des Habsbourg, où cette dame de bien et doyenne bien-aimée de Zywiec était revenue habiter en 2002, à presque 80 ans et après soixante ans d'exil, accueillie comme une héroïne et logée dans un modeste deux-pièces rénové et mis spécialement à sa disposition par la municipalité de Zywiec, dans l'aile du palais où elle avait grandi.
La population locale constituait une abondante foule respectueusement recueillie, formant comme une haie d'honneur dans le parc du château lors de l'arrivée du cercueil, porté par un attelage et suivi d'un long cortège endeuillé. Après avoir été exposée pour recevoir les ultimes hommages de ses proches et du public, qui a également pu s'exprimer dans les pages d'un livre d'or, la dépouille de l'archiduchesse a été conduite dans la chapelle du palais, avant d'être inhumée, conformément aux souhaits de la défunte, dans la crypte des Habsbourg en la cathédrale de Zywiec, à côté de son petit frère Albert-Maximilien et des ses grands-parents Charles-Stéphane et Marie-Thérèse de Habsbourg.
A l'annonce de sa mort le 2 octobre, succombant au petit matin entourée de ses dames de compagnie et de son médecin, toute la ville de Zywiec s'était émue, par la voix de son maire, Antoni Szlagor, qui avait déclaré : "Toute la ville est plongée dans le deuil. La duchesse fut pour nous une illustre Polonaise, elle nous enseignait les valeurs patriotiques et religieuses. Elle nous manquera énormément." En 2011, Zywiec avait d'ailleurs exprimé toute son admiration envers l'archiduchesse Marie-Christine en en la décorant à l'occasion de son 88e anniversaire de la croix de commandeur de l'Ordre de la renaissance de la Pologne, en remerciement de son patriotisme et de son engagement constant au service de son pays. "Je ne suis pas autrichienne. Ma langue maternelle n'est pas l'allemand. Ma langue maternelle est le polonais", avait-elle une fois déclaré, parmi d'autres déclarations d'amour à son pays.
Figure marquante de l'histoire du pays et de sa région en particulier, Marie-Christine de Habsbourg, née le 8 décembre 1923, fille de l'archiduc Charles-Albert de Habsbourg-Altenbourg et d'Alice Ankarcrona, est remémorée comme une femme parfaitement attachante, d'une gentillesse et d'une humilité louées par tous. Les Habsbourg de Zywiec ont laissé une forte empreinte dans la région, où ils ont beaucoup contribué, notamment financièrement, à la vie locale (le grand-père de la duchesse fonda d'ailleurs la première brasserie de Zywiec, confisquée par les Nazis, nationalisée par les communistes, et honorée en 2006, pour ses 150 ans, par la création d'un musée). La famille avait été chassée de son fief par le régime nazi lors de la Seconde Guerre mondiale : refusant de collaborer et d'abdiquer sa nationalité polonaise, l'archiduc, officier de cavalerie dans l'armée polonaise, fut capturé et torturé, et son épouse Alice Ankarcrona, d'origine suédoise, aida l'armée nationale, tandis que le château de Zywiec était occupé par l'envahisseur. Persécutée par le régime communiste polonais, la famille se réfugiait à Cracovie, avant de fuir la Pologne, déchue de la nationalité polonaise. Ce n'est qu'en 1993, après l'effondrement du rideau de fer, que la duchesse Marie-Christine avait recouvré sa nationalité Puis, après 60 ans d'exil en Suède et en Suisse, à Davos, elle revint dans son pays en 2002, à presque 80 ans, accueillie en héroïne, occupant depuis dans l'ancien palais familial un petit deux-pièces rénové et mis spécialement à sa disposition par la municipalité de Zywiec, dans l'aile du palais où elle avait grandi.