Les jours passent et se ressemblent pour Oscar Pistorius. L'athlète, double amputé des jambes qui doit répondre du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp, voit les témoins et les experts se succéder à la barre. Et dire qu'ils ne marchent pas dans son sens serait un euphémisme.
La porte des toilettes devant la justice
Après des témoins indirects des événements du 14 février 2014 qui ont conduit à la mort de Reeva Steenkamp, les proches d'Oscar Pistorius qui l'ont décrit comme un amateur d'armes à feu colérique, tout à fait capable de disjoncter. Mais ce 12 mars, c'est un expert de la police scientifique qui s'est présenté à la barre. Le colonel Gerhard Vermeulen, trente ans de maison, a apporté son éclairage sur la porte des toilettes. Un éclairage et des conclusions qui viennent contredire en partie la déposition d'Oscar Pistorius.
Celui-ci prétendait en effet avoir remis ses prothèses pour défoncer la porte des toilettes après s'être rendu compte qu'il avait tiré quatre balles sur sa compagne. Une hypothèse qui ne tient pas la route selon le colonel Gerhard Vermeulen. L'analyse des impacts de la batte de cricket utilisée pour défoncer la porte montrent clairement que l'athlète était sur ses moignons...
Une version qui contredit celle de Pistorius
Les marques apportent "la preuve irréfutable" qu'une batte de cricket a bien été utilisée pour faire exploser la porte des WC. "La batte a transpercé la porte et il y a des marques au bout de la batte qui correspondent à ce qui s'est passé. La personne a en quelque sorte tourné la batte pour forcer l'ouverture", a expliqué Gerhard Vermeulen. Mais il a également expliqué que la hauteur des traces de batte sur la porte démontrait que si Oscar Pistorius avait été debout sur ses prothèses, il aurait alors frappé dans une position "très inconfortable" : "La marque correspond logiquement au fait qu'il n'avait pas ses jambes. Ce n'est pas naturel si l'on est debout."
Barry Roux, l'avocat d'Oscar Pistorius, en a profité pour se jeter sur l'expert et rétorqué : "Ce n'est pas naturel... pour vous !" Il a ensuite demandé au colonel de se prêter au jeu en simulant les coups sur la porte, avant de conclure, satisfait : "Toutes les marques correspondent, même debout."
"Oui, à condition d'être penché dans une position non naturelle", a répondu le vétéran de la police scientifique. Puis Barry Roux a tenté de faire admettre au colonel Vermeulen que l'accusé aurait pu défoncer la porte debout sur ses moignons, sans perdre l'équilibre, l'invitant à se mettre à genoux pour mimer la scène. "Si j'avais grandi sans mes jambes, ce serait une autre histoire", a répondu l'expert scientifique avant de nuancer : "S'il avait suffisamment d'équilibre pour tirer [sur ses moignons], je soupçonne qu'il en avait assez pour frapper la porte avec la batte de cricket."
Enfin, Barry Roux a tenté d'attaquer le témoin sur une trace qui pourrait correspondre selon lui aux tentatives d'Oscar Pistorius d'ouvrir la porte en frappant avec ses prothèses. "C'est possible, a reconnu le colonel, mais il peut aussi avoir trébuché sur la porte", en tentant de sortir le corps de Reeva Steenkamp.
Les méthodes de la police remise en question
Par ailleurs, l'avocat a vivement critiqué les méthodes de la police lors de l'analyse de la porte, notamment concernant les débris. "Certaines marques distinctes ne sont pas visibles sur la photo du 8 mars, a reconnu l'enquêteur. Quelque chose est arrivé à la porte que je ne suis pas à même de commenter."
Seul point sur lequel l'avocat et l'expert se sont mis d'accord, le moment où la porte a été défoncée, à savoir après les coups de feu, mettant en avant l'impact d'un calibre 9 mm retrouvé sur celle-ci : "Il fallait qu'il y ait déjà un trou dans la porte pour qu'elle puisse casser à cet endroit."
"Tout le travail de Roux consiste à créer le plus de doutes possibles. Mais la vraie question que la cour doit se poser est : est-ce que des preuves matérielles ont été détruites ou endommagées à un point tel que l'expertise n'a plus de valeur ?", a commenté pour l'AFP David Klatzow, un expert scientifique de la police.
Une vidéo troublante
Barry Roux a notamment évoqué devant la cour une vidéo présente sur YouTube, qui montre un homme comparant le bruit d'une batte de cricket sur une porte et celui d'un 9 mm. Une vidéo troublante qui tend à prouver qu'il est difficile de faire la différence entre le bruit d'une batte de cricket frappée contre une porte et la détonation d'une arme à feu comme celle utilisée par Oscar Pistorius.
Une vidéo qui irait dans le sens de Barry Roux, celui-ci ayant toujours expliqué que les témoins n'avaient pas entendu de coups de feu, mais bien Oscar Pistorius défonçant la porte des toilettes à coups de batte de cricket. L'avocat a ainsi demandé à la police scientifique d'examiner cette démonstration disponible sur YouTube...