Après dix mois passés derrière les barreaux pour avoir tué sa compagne Reeva Steenkamp, Oscar Pistorius pourrait être libéré. Une perspective que la mère de la jeune femme, June Steenkamp, refuse...
Dans un entretien accordé au Sunday Times, l'un des quotidiens dominicaux les plus réputés en Afrique du Sud, June Steenkamp exprime son dégoût et son incompréhension face à l'hypothétique remise en liberté du meurtrier de sa fille. Condamné en octobre 2014 à cinq ans de prison pour homicide par négligence (ce qui se rapproche de coups mortels en droit français), l'athlète handicapé pourrait être remis en liberté dès le mois d'août et bénéficier ainsi d'une libération conditionnelle anticipée pour bonne conduite, sous réserve que l'administration pénitentiaire donne son accord.
"Je ne pense pas que ce soit assez pour quelqu'un qui a causé la mort d'une autre personne, a-t-elle confié. Sa vie vaut sûrement plus que dix mois de prison, n'est-ce pas ? Il nous a privés de quelque chose de précieux. Sa vie à elle est terminée. On doit respecter la vie de quelqu'un, est-ce que ce serait juste qu'il puisse sortir ?"
Aujourd'hui, June Steenkamp, qui avait suivi le procès avec une grande dignité dans la salle d'audience, seule, ne peut oublier l'image de sa fille baignant dans son sang dans les toilettes du domicile d'Oscar Pistorius où elle avait trouvé la mort, abattue par le jeune homme de 28 ans qui pensait avoir à faire à un cambrioleur. "La seule chose à laquelle j'arrive à penser, c'est elle dans ces toilettes où elle ne pouvait pas bouger. Elle ne pouvait pas sortir, elle était piégée, elle souffrait, elle avait mal et agonisait, son cerveau explosé... J'en fais des cauchemars. Comment surmonter une chose pareille ?", a poursuivi dans les colonnes du Sunday Times June Steenkamp.
Si Oscar Pistorius pourrait être libéré dès cet été, il pourrait tout autant prolonger son séjour en prison. Le procureur Gerrie Nel a en effet fait appel de la décision de la juge Thokozile Masipa, qui avait déclaré Oscar Pistorius non coupable de meurtre, se disant incapable de déterminer s'il avait eu ou non l'intention de tuer sa compagne ce soir-là. Gerrie Nel avance qu'il savait qu'il pouvait tuer la personne derrière la porte des toilettes, ce qui pourrait entraîner une qualification de meurtre et non d'homicide par négligence.
Si la cour suprême d'appel donnait raison au parquet, elle pourrait invalider le précédent jugement et condamner Oscar Pistorius pour meurtre, les peines, dans ce cas s'élevant à quinze ans de prison minimum.