Alors que le procès d'Oscar Pistorius, poursuivi pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp, a été suspendu jusqu'au début du mois d'août, les parents de la victime s'expriment pour la première fois depuis le début des audiences. Entre, tristesse, émotion, souvenirs et pardon.
Cendres, colombes et émotions
June et Barry Steenkamp sont revenus pour la première fois sur la plage de Port Elizabeth où ils avaient dispersé en mars 2013 les cendres de leur fille, abattue par son compagnon Oscar Pistorius. "Nous l'avons rendue aux éléments qu'elle adorait. Pour symboliser la libération de son âme, nous avons lâché 40 colombes", confie June Steenkamp au magazine britannique Hello!. La mère de la jolie blonde, qui en parallèle d'une carrière de mannequin et d'animatrice télé poursuivait ses études de droit, a longtemps gardé ses cendres. "J'ai gardé ses cendres dans une armoire de ma chambre pendant trois mois, jusqu'à ce que nous décidions qu'il était temps de la laisser partir, poursuit-elle. Mais je pense fortement que Reeva est autour de nous, elle ne nous a pas encore quittés. Je lui parle tout le temps. Elle reposera en paix lorsque tout ceci sera terminé."
L'impossible pardon
Par "tout ceci", June veut dire le procès. Celui d'Oscar Pistorius, le compagnon de sa fille qui l'a abattue de quatre balles à travers la porte des toilettes, pensant avoir à faire à un cambrioleur selon sa version. Depuis mars, il comparaît devant un tribunal de Pretoria et doit faire face à une accusation d'homicide volontaire. Depuis le premier jour, June lui fait face, en espérant lire la vérité dans ses yeux. Car dans la famille Steenkamp, on n'éprouve pas de haine pour le meurtrier de Reeva. Bien au contraire. On a pardonné. "Je ne hais pas Oscar. Je lui ai pardonné. Il le faut, c'est ma religion. Ce n'est pas bon d'avoir de mauvaises pensées à son égard parce que ça ne fera que me détruire. Mais je suis déterminée à lui faire face et à réclamer justice pour ma fille. C'est important qu'il sache que je suis là, que la mère de Reeva, qui lui a donné naissance et l'a aimée, est là pour elle", explique-t-elle en exclusivité pour Hello!.
Dans la salle du tribunal de Pretoria, la mère de Reeva a dû entendre toutes les atrocités possibles et inimaginables pour une mère. "C'était si traumatisant d'entendre ce qu'il lui était arrivé", confie-t-elle, expliquant parfois se sentir "devenir folle", avant de s'effondrer en larmes après avoir vu un thérapeute. "Si je me réveille et que je respire toujours, c'est une bonne journée", raconte-t-elle encore.
Les derniers mots de Reeva
Ce procès, elle le suit grâce à la générosité de l'African National Congress Women's League, qui lui paie les billets d'avion entre Port Elizabeth et Pretoria, alors que la famille connaît des difficultés financières. Un geste que ne pourra oublier la maman, tout comme elle se souvient de sa dernière conversation avec sa fille ce soir du 13 février : "Lorsque je l'ai appelée, elle m'a dit qu'elle venait d'arriver chez Oscar. Son émission Tropika Island of Treasure allait être diffusée le 16 et j'étais inquiète de la rater car on nous avait coupé le câble. 'Ne t'inquiète pas maman', m'a-t-elle dit. 'J'ai mis de l'argent sur ton compte pour que ça soit rétabli.' C'est la dernière fois que j'ai entendu sa voix." Le lendemain à 7h, l'inspecteur controversé Hilton Botha lui annonçait le décès de sa fille. "Je suis devenue hystérique. Puis il a fallu que je le dise à Barry. Sa réaction... C'était trop horrible. Nous sommes tous les deux entrés dans ce que nous pourrions décrire comme un coma éveillé", dit-elle avec émotion.
Crise cardiaque et tragédies
L'émotion a eu raison de la santé de Barry, le père de Reeva, victime d'une attaque cardiaque en avril dernier. Résultat, l'homme de 71 ans ne peut assister au procès au côté de son épouse, l'avion lui étant proscrit. "On m'a dit que je ne devrais pas prendre l'avion, mais je serai là pour [le verdict], soyez-en certains. Je suis préparé à n'importe quelle issue", explique Barry à Hello!, lui qui suit le procès à la télé depuis les premiers jours. Et lui non plus n'éprouve pas la moindre haine à l'égard du meurtrier de sa fille : "Je n'ai aucune haine pour Oscar et je ressens de la peine pour sa famille, même s'ils ne traversent pas la même chose que nous."
Un père au regard triste qui avoue qu'avec ce qu'il sait aujourd'hui, il aurait probablement empêché sa fille de voir Oscar Pistorius : "Reeva n'aurait sans doute pas apprécié que j'interfère, mais vu la tournure qu'ont pris les choses, elle m'aurait remercié à la fin." Et en colère, d'évoquer les trois tragédies qui ont touché Reeva. À 5 ans, son opération des amygdales qui avait entraîné une hémorragie, la fillette étant passée à deux doigts de la mort. À 19 ans, lorsqu'elle avait chuté de cheval et que l'animal lui était tombé dessus, lui brisant le dos. À chaque fois, Barry était là. Mais pas pour la dernière. "Elle est morte il y a plus d'un an, mais j'ai l'impression que c'est maintenant..."
En août, les deux parties au procès se retrouveront pour les plaidoiries. Puis la juge Thokozile Masipa se retirera pour décider de la culpabilité ou non d'Oscar Pistorius, avant de dévoiler la sentence. "Depuis que Reeva est morte, nos existences ont été suspendues. Nous ne serons capables de poursuivre nos vies qu'avec une conclusion appropriée", conclut June Steenkamp.
Un entretien à retrouver dans son intégralité dans les pages de Hello! du 14 juillet 2014