Patricia Cornwell est une femme complexe. Depuis vingt ans, elle écrit des polars qui l'ont rendue millionnaire, célèbre et... fragile. Entre son enfance difficile, ses études brillantes et son début de carrière oscillant entre le journalisme de faits divers et le monde hospitalier (informaticienne dans un institut médico-légal), elle a développé une écriture scientifique qui plaît dans le monde entier, puisqu'elle est la femme qui vend le plus de livres après J.K. Rowling. Mais aussi une certaine paranoïa.
A l'occasion de la sortie de son dernier livre, Havre des morts, la 18e enquête de son médecin-légiste Kay Scarpetta, l'auteur à succès était à Paris, bien entouré par ses gardes du corps. A la voir, on ne croirait pas que cette belle femme de 54 ans à peur. Peur de la vie, peur qu'elle s'arrête : "Je suis une hédoniste. (Mais) lors de mes déplacements, mon itinéraire est connu de certaines personnes. Il suffit d'un désaxé pour créer un problème" révélait-elle sur Paris Match il y a quelques jours. Un peu comme si cette spécialiste en thriller vivait comme un personnage de ses oeuvres.
Victime ou paranoïaque ?
A sa décharge, Patricia Cornwell est souvent victime de menaces (ou d'escroquerie), en particulier sur Internet. Du coup, sa maison est truffée de protections, de caméras, et l'écrivain manie même les armes à feu avec précision : "Je suis simplement consciente des dangers et je prends mes précautions," expliquait-elle récemment dans le Figaro. Le journal s'est d'ailleurs demandé si ses accès de paranoïa n'étaient pas liés à son enfance difficile. En effet, petite fille, Patricia Cornwell a vu sa mère hospitalisée, son père l'abandonner, et elle a surtout été victime d'abus sexuels. Pas suffisant pour expliquer son amour pour la morbidité : "Les livres que j'écris ne sont pas liés à mon enfance. C'est mon premier job (journaliste de faits divers) qui a provoqué un déclic chez moi. J'ai tout de suite été fascinée par les crimes."
Une fascination qui n'a pas refroidi les ardeurs du Professeur Gruber, une neurologiste réputée. Les deux femmes se sont connues en 2004 et mariées dans le Massachusetts en 2006. Le Massachusetts, car c'est l'un des rares états américains qu autorise le mariage homosexuel. "Presque partout ailleurs, on peut vous empêcher d'aller rendre visite à votre partenaire à l'hôpital" ajoute Patricia Cornwell. Décidément, depuis sa plus tendre enfance, sa vie est liée au monde hospitalier, et proche du monde des morts. Ce ne sont pas ses fans qui s'en plaindront. La femme aux yeux bleus lagons a d'ailleurs été récompensée dans la capitale française par l'insigne de chevalier des Arts et des Lettres.
Une manière pour l'auteur millionnaire de faire un pied de nez au destin, et de se voir récompensée pour son travail. Bientôt, ses oeuvres arriveront au cinéma, avec Angelina Jolie dans le rôle du médecin Scarpetta. Patricia Cornwell s'est déjà mise au travail. Un travail de spécialiste, d'expert. A vous de juger.
Clément Razgallah