Dimanche 8 octobre, Laurent Delahousse a consacré son nouveau numéro d'Un jour, un destin à Patrick Poivre d'Arvor. Si sa carrière y est évoquée, les drames de sa vie aussi. En 1995, sa fille Solenn, atteinte d'anorexie mentale, se suicide. Les proches du journaliste et lui-même reviennent sur cette descente aux enfers.
Véronique Courcoux, l'ex-compagne de PPDA et mère de ses six premiers enfants, se souvient : "Elle est descendue jusqu'à 27 kilos. À ce moment-là, le coeur peut s'arrêter à tout moment. J'avais tellement peur." Après un séjour à l'hôpital en 1992, Solenn fait plusieurs tentatives de suicide. Afin de la sauver, l'ex-star du JT voyage régulièrement avec elle. C'est ce qu'il a d'ailleurs prévu de faire le 27 janvier 1995. Mais voilà, Solenn n'est pas à la maison. Son père et sa soeur Dorothée ont trouvé un mot de sa part, écrit au passé. L'inquiétude grandit et quelques heures plus tard, la famille apprend qu'elle s'est jetée sous une rame de métro. Elle avait 19 ans.
"Ma soeur était très blonde et je crois que certaines personnes ont décrit ce moment assez joliment, comme si c'était un ange", raconte son frère Arnaud. Sa mère poursuit : "Elle est partie en disant qu'elle n'aimait pas la vie mais qu'elle nous aimait énormément et je pense qu'elle serait heureuse de savoir que, quelque part, on a compris son geste même s'il était terrifiant. Il fallait respecter ce choix."
Trois jours plus après le drame, Solenn est inhumée dans le cimetière de Trégastel, comme elle le souhaitait. Le soir-même PPDA présente le journal de 20h et l'ouvre ainsi : "Rien n'est plus injuste que la perte d'un enfant ou d'un adolescent même si il n'y a pas de gradation dans la douleur des uns et des autres. C'est la raison pour laquelle aujourd'hui toute une ville, Toul, était en communion de pensées avec les familles des six lycéens tués jeudi par la chute d'une grue sur leur établissement." Une séquence émouvante qui a pourtant été critiquée. Certains ont accusé le présentateur de faire du misérabilisme.
Je n'ai eu qu'un envie, c'est de me jeter contre une voiture
"Pour lui, c'était une question de vie ou de mort, c'était sa seule manière de s'en sortir. Sinon il tombait et ne se relevait pas. C'était sa manière de se sauver", a réagi Véronique Courcoux.
Dans une interview accordée à Michel Denisot trois ans plus tard, Patrick Poivre d'Arvor avait confié que la mort de Solenn continuait de le hanter : "C'est un cauchemar de toute les nuits. Ne revenons pas sur la douleur. Toutes les personnes qui ont perdu un proche le savent mais c'était surtout un terrible échec de notre part. On s'est battu comme des lions. On pensait qu'on était plus fort que la maladie et on a perdu. Elle a perdu mais j'ai un respect inouï pour son courage."
À la fin de l'émission, face à Laurent Delahousse, le père meurtri a de nouveau évoqué ce décès survenu à présent il y a plus de vingt ans. "On travaille parce que ça aide. Il y a des gens qui me l'ont reproché. Ce qui est invraisemblable. En revanche, j'ai reçu tellement de belles lettres de téléspectateurs pendant que certains confrères faisaient de la morale", a-t-il déclaré. PPDA a aussi confié avoir lui-même songé au suicide : "Quand je suis allé au commissariat pour la mort de Solenn sur mon scooter, je n'ai eu qu'un envie, c'est de me jeter contre une voiture dans le sens inverse mais je ne l'ai pas fait, j'aurais pu le faire. C'est comme ça, ça tient à un quart de seconde ou un quart de réflexion en me disant qu'il fallait d'abord que j'annonce cette nouvelle à sa maman et à ses frères et soeurs."