Plongé dans un coma artificiel puis déclaré en état de mort cérébrale, seulement maintenu en vie par un respirateur artificiel suite à un accident cardiaque survenu le 23 avril, l'ancien coureur cycliste Philippe Gaumont est décédé vendredi soir (17 mai 2013) au centre hospitalier d'Arras, ont rapporté avec émotion les médias picards. Il avait 40 ans, était mari et père. A sa veuve Elise et leurs trois enfants, nous adressons, de concert avec nos confrères nordistes, nos plus sincères condoléances.
Annoncé à tort prématurément dès lundi soir par une agence de presse belge, le décès de l'attachant ancien rouleur de la Cofidis ne semblait être plus qu'une question d'heures, depuis l'annonce cette semaine de la sévère dégradation de sa condition... Ses proches avaient alors eu le temps de se réunir autour de lui, tandis qu'un ami intime informait par texto le quotidien La Voix du Nord de la situation tard dans la soirée de lundi, en réaction à l'annonce erronée de sa mort : "Phil va s'endormir mais n'est pas encore décédé."
"Je vous confirme" le décès de Philippe Gaumont, a déclaré samedi à l'AFP l'un de ses proches, l'ancien coureur Erwann Menthéour, après l'annonce du décès par le journal La Voix du Nord. Les obsèques auront lieu mercredi à Moreuil, en Picardie, a précisé Menthéour.
Sans avoir l'envergure d'un patron du peloton, Philippe Gaumont aura été très emblématique d'une certaine époque de l'histoire de la petite reine, de ses beaux chapitres comme de ses sales histoires entre les lignes. Médaillé de bronze olympique à Barcelone (1992) dans le contre-la-montre par équipe, vainqueur des Quatre jours de Dunkerque et du Tour de l'Oise en 1996, vainqueur de la classique Gand-Wevelgem en 1997, et champion de France de poursuite en individuel en 2000 et 2002, le natif d'Amiens, qui porta successivement les couleurs de Castorama (1994-1995), GAN (1996) et Cofidis (1997-2003), reste aussi associé à la pratique industrielle du dopage dans le milieu.
Contrôlé positif à trois reprises (en 1996, 1998, et 1999) quant à des substances dopantes, il avait été incriminé dans l'affaire Cofidis, qui éclata en 2004. Parmi les pionniers à briser la loi du silence, il racontait d'ailleurs son expérience sans ambages l'année suivante (2005) dans l'ouvrage Prisonnier du dopage (Ed. Grasset). Mis en examen et condamné à six mois de prison avec sursis en 2007, Philippe Gaumont y avouait avoir eu recours au dopage depuis le début de sa carrière une douzaine d'années plus tôt (sa médaille aux JO restait son plus beau souvenir, car son seul titre acquis sans être dopé), et y dénonçait la standardisation du dopage, touchant selon lui 95% du peloton. Un pavé dans la mare. Le 27 janvier 2004, quelques jours après son interpellation à Orly dans la cadre de l'affaire Cofidis, Le Courrier Picard se souvient qu'il déclarait : "Dans le milieu cycliste et sportif en général, on peut tous se regarder dans une glace. Et je pose la question : où commence le dopage ? Par une prise de caféine ou d'EPO ? Cela fait onze ans que je suis dans le milieu du sport professionnel et si je donne un pourcentage de coureurs qui ont recours à un système, c'est effarant."
S'il avait reconstruit sa vie loin de cet enfer, gérant à Lens la brasserie O Déjeuner dont il était copropriétaire, Philippe Gaumont n'en avait pas encore tout à fait fini avec la part sombre de son passé, puisqu'il devait apporter son témoignage devant une commission d'enquête au Sénat le... 24 avril 2013, au lendemain de son malaise cardiaque.
Aujourd'hui, on préfère se remémorer ses moments de lumière.