Pierre Arditi fait partie de ces artistes particulièrement engagé en politique. Quelques jours avant l'élection présidentielle, le comédien français de 68 ans affichait son enthousiasme dans la bataille pour la République, le 29 avril 2012 lors du meeting du socialiste François Hollande. Un an plus tard et alors qu'il est bientôt à l'affiche de la comédie dramatique La Fleur de l'âge, il répond aux questions de Bruce Toussaint sur Europe 1 sur l'état de la France.
La situation des Français n'est pas au beau fixe, l'actuel président François Hollande continue de perdre des points de popularité face à des chiffres du chômage déprimant : "Ça m'inspire malheureusement et pour le moment une formidable impuissance à régler un problème majeur et qui débouche sur toute une série de discours pas écoutables. D'une part, parce qu'ils viennent de gens qui étaient au pouvoir pendant dix ans et qui, tout à coup, par miracle, en claquant des doigts, auraient toutes les solutions. Il y a un président nouveau pour lequel j'ai voté, que j'ai soutenu. Comment être populaire en annonçant des mesures comme ça, malheureusement indispensables ?"
La temps de la politique ne peut s'aligner sur le temps des médias, explique Pierre Arditi : "Un an, c'est quoi ? C'est même pas une saison théâtrale, c'est rien du tout pour régler des problèmes pareils ! Ça va trop lentement, on est d'accord, ça ne va pas assez vite, il y a trop d'injustice, on est d'accord, que voulez-vous que je vous dise ? Les mesures prises aujourd'hui n'auront pas d'effet avant 1, 2, 3 ans, peut-être à la fin du quinquennat. [...] Je fais partie de ceux qui continuent à faire confiance. L'affaire Cahuzac ? Elle est pitoyable, on ne va pas revenir là-dessus. Je le dis d'autant plus douloureusement que, comme beaucoup de gens qui le regardaient faire et agir, j'avais plutôt estime et admiration pour lui." Presque porte-parole du président et son gouvernement, Pierre Arditi veut rester un fidèle soutien. Il ne valide pas cependant la transparence pour les déclarations de patrimoines des élus : "Par les temps qui courent, les discours populistes prenant leur envol, il ne faudrait pas penser que les élites sont protégées de tout pendant que les autres crèvent et qu'on les jette par-dessus bord quand ils ne servent plus, comme de vieux légumes oubliés. Mais le strip-tease, je ne suis pas pour."
Avec autant d'enthousiasme, il parlera de son nouveau film, La Fleur de l'âge, de Nick Quinn, dans lequel il partage la vedette avec Jean-Pierre Marielle et Julie Ferrier : "Le film parle moins de la vieillesse que de quelque chose qui nous touche ou touchera tous : le temps fait que nous devons à un moment donné le parent de nos parents. Je parlais avec des gosses : allez voir le film, n'emmenez pas vos parents, vous vous jetterez dans leurs bras à la sortie du film, vous vous direz que le jour où ils ne seront plus là il y aura un trou impossible à combler." Le parallèle avec le film Amour de Michael Haneke est tentant : "C'est regardé sous un angle plus léger, mais ça dit ce que ça doit dire, ça étreint l'âme comme ça doit l'étreindre." Et quand on lui demande quand il arrêtera de travailler, l'amoureux d'Evelyne Bouix (et amant il fût un temps de Barbara) s'exclame : "Je m'arrêterai quand je serai mort !"
"La Fleur de l'âge", en salle le 1er mai