Pierre Bellemare a deux passions dans la vie. Le télé-achat et les faits divers.
Et lorsque le premier rejoint les seconds, cela donne une affaire de justice qui dure depuis dix-sept ans avec plus de 143 millions d'euros en jeu. Une histoire qui remonte à l'époque où Pierre Bellemare régnait sur le télé-achat. En 1992, Nadia Blancaneaux espère faire fortune en signant un contrat d'exclusivité avec la société du présentateur. Elle compte alors sur l'émission pour vendre des produits cosmétiques révolutionnaires comme le révèle Le Parisien. Des produits "cryo-esthétiques" à base de crème fraîche et d'additifs bovins...
La jeune femme signe également un contrat d'exclusivité avec son fournisseur, et les perspectives de gains sont alors très importantes. Un coffret acheté 210 F (32€) est ainsi revendu 645 F (98€) à la société de Pierre Bellemare (SETV), qui le revend alors 1245 F (189€) pendant son émission ! Nicoletta et Hervé Vilard sont mis à contribution pour vanter les mérites des produits dont les ventes s'envolent.
Cependant Nadia Blancaneaux réalise rapidement qu'en dépit des contrats d'exclusivité, Pierre Bellemare traite en direct avec son fournisseur. Le début d'une longue bataille judiciaire. Car la plaignante perd son procès contre son fournisseur, puis contre la société de Pierre Bellemare. La raison ? A l'époque, Pierre Bellemare a fondé deux sociétés qui gèrent son empire du télé-achat. Et la jeune femme n'aurait pas attaqué la bonne... Les procédures se suivent, traînent en longueur, et Nadia se voit contrainte de déposer le bilan. Elle rachète le passif de son entreprise, persuadée qu'elle obtiendra gain de cause. Mais en 2008, le tribunal de commerce classe l'affaire dont les faits sont désormais prescrits.
Une décision qui ne l'arrête pas pour autant. La procédure a été relancée, et Nadia Blancaneaux a fait ses calculs. Elle estime son préjudice à 143 millions d'euros ! "J'ai tout perdu. Croyez-moi, si j'avais fait ne serait-ce qu'une seule faute, jamais je ne me serais attaquée à un tel empire", explique-elle plein de rage.
Du côté de la famille Bellemare, Françoise, fille et avocate du patriarche, se dit "sereine", estimant avoir le droit pour elle. "On ne peut pas constamment changer d'argumentation et demander à la justice de revenir sur des choses déjà jugées", conclut-elle ainsi.