Grâce au génial pianiste britannique Ben Waters, connu pour être le roi du boogie woogie et un performer incontournable, les Rolling Stones ont connu des retrouvailles historiques.
A seulement 35 ans, Ben Waters a fait l'étalage de son talent de maître du boogie et du rock'n'roll en jouant aux côtés des plus grands - Chuck Berry, Shakin Stevens, Ray Davies, Dave Gilmore, Shirley Bassey et bien d'autres -, mais aussi pour les plus grands : outre ses prestations pour la famille royale, il jouait récemment pour le 50e anniversaire de Hugh Laurie, alias le Dr. House.
Intime des Stones - il fut naguère au piano avec Mick Jagger pour les festivités de Noël organisées par le rockeur et sa femme Jerry Hall, dont il anima également les 50 ans -, Ben Waters, qui collaborait tout récemment avec le dandy batteur du groupe Charlie Watts, avait révélé en février 2010 son projet d'album hommage à Ian Stewart, pianiste du line up originel, fondateur et âme des Rolling Stones, décédé en décembre 1985 :
"Je suis assis dans le salon d'un hôtel de Düsseldorf, écrivait-il, et je profite de mon premier jour de repos depuis longtemps, malgré la morosité pluvieuse qui plane sur la ville. Ady, Rich et moi sommes au milieu d'une tournée, après quelques jours en Finlande, nous voilà à Düsseldorf (...) Juste avant de venir en Allemagne, j'ai effectué une session d'enregistrement très spéciale. J'ai décidé que je voulais réaliser un album en hommage à Ian Stewart, pianiste et membre fondateur des Rolling Stones. "Stu" m'a énormément influencé, et c'était un ami de la famille. L'album a désormais été enregistré, avec la participation de Charlie Watts, Dave Green, Jools Holland, Ronnie Wood, PJ Harvey [qui n'est autre que la cousine de Ben Waters, NDLR], et quelques invités spéciaux de plus qui seront dévoilés prochainement. L'album se compose essentiellement de boogie woogie et de blues, c'est ce que Stu aimait. Tous les bénéfices seront reversés à la British Heart Foundation."
Ian Stewart reste dans la mémoire de la musique comme le "Sixième Stone". Fondateur du groupe avec Brian Jones, avec lequel il entretenait pourtant une fascinante différence de style, Stu fut l'âme des Stones, même encore après son départ en 1969 - un départ dont Bill Wyman, dans des mémoires ultérieurs (Stone Alone, 1997), imputa la responsabilité au manageur du groupe, qui jugeait l'attitude posée de Stu trop en décalage avec le groupe. Présent sur la plupart des albums des Stones des années 1960 à 1980 (y compris Undercover, en 1983, et à la direction musicale de Dirty Work, en 1985), Stewart, après avoir motivé le remplacement de Brian Jones - dont il désapprouvait la dépravation - par Mick Taylor, et après son départ officiel du groupe, avait continué à oeuvrer pour les Stones dans l'ombre, notamment en tant que... roadie, s'acquittant de tâches logistiques ! Il demeure également célèbre pour, outre son intégrité morale, son intégrité artistique, lui qui refusait de jouer en mode mineur. Ian Stewart devait décéder le 12 décembre 1985 à l'âge de 47 ans, dans la salle d'attente d'une clinique où il était venu consulter en raison de problèmes respiratoires. L'influence de ce Stone pas comme les autres transparaît bien dans une formule de Mick Jagger : "Stu était celui à qui on essayait de plaire". Ce qui explique également que le big five des Stones ait tenu à ce que le nom de Ian Stewart soit intronisé avec les leurs lorsque le groupe entra au Rock and Roll Hall of Fame en 1989.
Dernièrement, dans sa sulfureuse autobiographie baptisée Life, Keith Richards avait ces mots : "Ian Stewart. Je continue à travailler pour lui. Pour moi, les Rolling Stones, c'est son groupe. Sans son savoir et son sens de l'organisation... nous ne serions rien."
L'hommage qu'a souhaité lui rendre Ben Waters valait bien le retour de Bill Wyman, bassiste de la première heure du groupe, qu'il quitta en 1992, faisant depuis 1997 carrière avec sa propre formation - Bill Wyman's Rhythm Kings - et poursuivant ses activités dans la photographie.
L'album caritatif et hommage Boogie for Stu paraîtra en mars 2011. Mick Jagger, Charlie Watts, Keith Richards, Ronnie Wood, et, donc, Bill Wyman y ont participé. Les Stones "au complet" y reprennent notamment Watching the river flow, de Bob Dylan.
G.J.