Avant d'être ajourné jusqu'à lundi, le procès d'Oscar Pistorius pour le meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp a connu une avancée certaine avec le témoignage d'un expert en balistique qui a reconstitué les derniers moments de Reeva Steenkamp.
Les derniers instants de Reeva Steenkamp
La veille, Chris Mangena avait débuté son témoignage en indiquant avec précision les points d'impacts des quatre coups de feu tirés par Oscar Pistorius, causant la mort de Reeva Steenkamp. Il a cette fois-ci indiqué comment la jeune femme avait été blessée et a ainsi retracé, à partir de ses constatations, les derniers instants de sa vie.
Selon lui, Reeva Steenkamp aurait eu tout le temps de crier entre le premier coup de feu et le deuxième. Il affirme également qu'Oscar Pistorius se trouvait à 60 centimètres de la porte des toilettes. On est loin de la réaction que l'on peut attendre d'une personne effrayée, ce que l'athlète handicapé prétendait être au moment du drame survenu dans la nuit du 14 février 2013.
Le capitaine Chris Mangena, expert en balistique, a expliqué que le premier impact dans la porte avait été observé à 93,5 centimètres du sol, alors que la hanche de Reeva Steenkamp est elle estimée à 93 centimètres. "Très probablement, la blessure à la hanche a été faite quand elle était debout (...) face à la porte. Ça lui a brisé la hanche, l'a fait tomber en arrière dans le porte-revues", a expliqué l'expert au tribunal qui siège pour la troisième semaine consécutive. L'ampleur des blessures, que des photos sanglantes sont venues illustrer, s'explique par le type de munitions utilisées par Oscar Pistorius, des balles expansives, conçues pour s'ouvrir comme une fleur au moment de l'impact.
Les détails des blessures
Mais ce n'est pas cette première balle qui a tué Reeva Steenkamp. La jeune femme en effet a par la suite été touchée à deux reprises, sachant que l'une des balles l'a manquée. La deuxième a ricoché, mais la troisième lui a perforé le bras gauche, au-dessus du coude, par l'arrière, faisant exploser les chairs et lui causant un bleu sur la poitrine. "Les bras étaient levés en l'air au niveau de la poitrine", a poursuivi l'expert. La dernière balle, fatale, l'a atteinte sur le côté droit du crâne alors qu'elle "avait les deux mains sur la tête" et "après cette plaie, elle est tombée immédiatement, le buste entre le WC et le porte-revues".
"Le tireur ne portait probablement pas ses prothèses aux jambes et a tiré d'une distance supérieure à 60 centimètres, quelque part entre 60 centimètres et le mur", a expliqué l'expert.
Des dépositions que n'a pas écoutées Oscar Pistorius, qui s'est bouché les oreilles tout au long de la matinée. Au vu des précédents témoignages et du rapport de l'expert balistique, un scénario semble se dessiner, qui s'éloigne peu à peu de celui d'Oscar Pistorius.
La thèse de l'accident ébranlée
Selon les descriptions du capitaine Mangena, Reeva Steenkamp aurait eu le temps de crier après sa première blessure à la hanche, et donc de signaler sa présence à Oscar Pistorius. De plus, la proximité du tireur et de sa cible semble étonnante : comment expliquer qu'un homme terrorisé par la présence d'un étranger se soit autant approché de son assaillant ?
Enfin, la thèse de la légitime défense ne tient pas, puisque Oscar Pistorius a fait feu sans voir sa cible, sans vérifier s'il était vraiment menacé, contrairement à ce qu'exige la loi qu'il a assuré connaître. Les témoins entendus jusque-là font état pour certains d'une dispute, quand d'autres assurent avoir entendu une femme hurler. Le médecin légiste a quant à lui assuré que des restes d'un repas pris vers 1h du matin avaient été retrouvés dans l'estomac de Reeva Steenkamp, heure à laquelle Oscar Pistorius avait assuré qu'elle dormait. Il avait également pris soin d'ajouter qu'il n'était "pas naturel" pour quelqu'un blessé à la hanche de ne pas crier...
Le procès ajourné
Malgré tout, Oscar Pistorius maintient sa thèse selon laquelle il n'aurait pas voulu tuer Reeva Steenkamp, assurant qu'il aurait pris peur en entendant du bruit et qu'il aurait tiré à travers la porte des toilettes, pensant qu'un voleur s'y était réfugié.
Le procès a par la suite été ajourné à la demande du parquet, qui a promis de boucler sa partie du dossier "au début de la semaine prochaine", avec la déposition de "quatre ou cinq témoins" supplémentaires. Le procureur a ainsi demandé à bénéficier d'une journée pour "reconsulter" ses témoins, ce jeudi, sachant que le vendredi 21 mars est férié, jour des Droits de l'homme oblige.
Une demande acceptée par la défense et l'avocat Barry Roux : "C'est un procès onéreux, coûteux, mais sur cette base qui nous a été expliquée selon laquelle le parquet bouclera en début de semaine prochaine, nous avons accepté."
Toutes les parties se retrouveront donc lundi prochain, pour la suite d'un procès qui devait initialement durer trois semaines, mais qui pourrait s'étirer sur encore plusieurs semaines...