Deuxième jour d'audience pour l'examen de la demande de libération sous caution d'Oscar Pistorius inculpé du meurtre de sa compagne Reeva Steenkamp. Après une intense première journée, Oscar Pistorius, via une lettre lue par son avocat, a raconté sa version des faits : un accident. Ce mercredi 20 février, la parole est à l'accusation... et ça démarre assez mal.
Il y a du monde devant le tribunal d'instance de Pretoria où se joue un bras de fer qui frise le ridicule entre la police et les avocats de Pistorius. À la barre, l'enquêteur Hilton Botha a d'abord livré un témoignage à charge, lourd, très lourd, contre le champion handisport. Selon lui, un témoin aurait entendu une dispute chez Pistorius entre 2h et 3h du matin, alors que le champion a assuré qu'il dormait avec sa compagne à ce moment-là. Hilton Botha affirme avoir retrouvé des seringues et des boîtes de testostérone dans la chambre de Pistorius. Hilton Botha affirme que les téléphones portables retrouvés sur les lieux n'ont pas été utilisés pour appeler les secours ou la police. Selon lui, il y a eu trois impacts de balles sur le côté droit de la victime : à l'oreille, au coude, à la hanche... À l'énoncé des blessures de Reeva, Oscar Pistorius éclate en sanglots.
Massacre d'un bébé phoque
La défense entre en scène. Oscar Psitorius est défendu par deux pointures : Kenny Oldwage et Barry Roux. C'est ce dernier qui ridiculise l'enquêteur Hilton Botha. Le témoin qui a entendu une dispute ? Il était dans une maison située à plus de 600 mètres de l'appartement du crime. Il fait dire à l'enquêteur qu'il aurait lui aussi fermé le verrou des toilettes s'il avait entendu Pistorius crier sur le balcon avant les tirs, etc. "Le corps de Reeva ne portait aucune trace de blessure défensive. (...) Aucun signe d'agression et aucun signe qu'elle se serait défendue contre une agression", a déclaré l'avocat. Ce à quoi l'enquêteur Hilton Botah a répondu : "C'est exact."
Quant à la fameuse testostérone, l'avocat déclare qu'il "s'agit d'un remède à base de plantes, il a le droit de l'utiliser et il l'a utilisé auparavant." Contacté par l'AFP, un porte-parole du Comité paralympique international, Craig Spence, a rappelé qu'Oscar Pistorius a subi deux contrôles antidopage pendant les jeux paralympiques de Londres l'été dernier, et les deux tests s'étaient avérés négatifs.
Le coup de grâce ? Juste avant la levée de séance, l'avocat Barry Roux pourrait l'avoir porté avec cette question : "Avez-vous trouvé quoi que se soit d'incompatible avec la version des faits d'Oscar Pistorius ?" Piteux, l'enquêteur répond : "Non."
Pour la journaliste sud-africaine Karyn Maughan, présente dans la salle d'audience, "Roux est en train de détruire Botha. C'est comme regarder une bébé phoque se faire matraquer".
Ce n'est que le début
Oscar Pistorius devrait en plus être inculpé de possession illégale de munitions de calibre 38 pour lesquelles il n'a pas de licence. L'audience pourrait se poursuivre jusqu'à vendredi. Il n'est ici question que de la libération sous caution de l'accusé. Un procès concernant le fond de l'affaire se tiendra ultérieurement. Oscar Pistorius risque quinze ans de prison, voire la perpétuité si la préméditation est avérée.
Le groupe Clarins vient d'annoncer le retrait de toutes les campagnes pour le parfum masculin de Thierry Mugler dont Oscar Pistorius était l'ambassadeur, "par respect et compassion pour les familles impliquées dans cette tragédie".
Mardi, à l'autre bout du pays, dans la ville côtière de port Elizabeth, Reeva Steenkamp était incinérée dans l'intimité de sa famille et de quelques proches.