Après trente ans de carrière, Rachid Taha n'a toujours pas la langue dans sa poche. Actuellement en tournée pour son neuvième album, intitulé Zoom, le plus rock des chanteurs de raï l'a une nouvelle fois prouvé dans les pages de Paris Match. Un long entretien durant lequel il revient sans langue de bois sur son parcours, notamment l'aventure 1,2,3 Soleils avec Faudel et Khaled, et passe comme à son habitude quelques coups de gueule.
Ancien du groupe Carte de séjour dans les années 80, Rachid Taha a explosé aux yeux du grand public en 1998 avec le projet 1,2,3 Soleils réunissant Faudel et Khaled. Quinze ans plus tard, la star serait prête à réitérer cette belle aventure. "Mon fils me le demande tous les jours ! C'est vrai que ce serait bien d'y retourner. Mais Faudel et Khaled ont un peu disparu. Il ne reste que la légende...", regrette-t-il. Rachid Taha évoque notamment le cas de Faudel, disparu des médias depuis qu'il a apporté son soutien à Nicolas Sarkozy. "Faudel, c'est un gamin. Quand Johnny soutient Sarkozy, on ne lui dit rien. Faudel n'avait peut-être pas les armes. Sa carrière avait été flinguée parce qu'il n'a pas su gérer le succès", estime le chanteur.
Chanteur engagé, Rachid Taha regrette de vivre dans une France où sévit selon lui "un sectarisme blanc" et fait au passage un parallèle avec le dernier buzz du moment. "La Rebeu qu'on invite à la télé, c'est Nabilla ! Quand je l'ai vue au , je me suis dit 'Denisot, réveille-toi'." L'artiste, qui a toujours dénoncé les intolérances, pointe du doigt à sa façon une certaine xénophobie en France. "En trente ans, je n'ai jamais loupé un avion ou un train. C'est pour ça qu'on m'appelle 'le Suisse', je suis toujours à l'heure ! Biolay, quand il est en retard, on dit que c'est un dandy. Un étranger, on dit que c'est un casse-couilles !, assure-t-il. Quand un artiste arabe tape sa femme, c'est l'ignominie sur terre. Quand un artiste français tue la sienne, on lui trouve des circonstances atténuantes. C'est de la xénophobie."
A 54 ans, Rachid Taha déborde toujours de projets et ne devrait pas tarder à exprimer ses coups de gueule sur grand écran cette fois. "Mon rêve, c'est de réaliser un film. Je suis en train de l'écrire, ça s'appelle Kebab-a-Lula et ça parle d'Elvis. On ne se refait pas..." En attendant de se retrouver derrière la caméra, Rachid Taha est actuellement en tournée et passera notamment par le Festival Papillons de Nuit à Saint-Laurent-de-Cuves le 19 mai.
L'interview intégrale est à retrouver dans le "Paris Match" du 16 mai 2013.