Le Conseil de Paris du 13 octobre 2021 a été particulièrement mouvementé. Lors de cette assemblée qui se réunit 8 à 10 fois par an, les séances commencent dès le matin et sur un ou plusieurs jours. D'après le site de la Ville de Paris, les conseillers débattent, rejettent ou approuvent les projets qui transformeront demain Paris. Mais ce mercredi, il était surtout question d'invectives... La maire de Paris, Anne Hidalgo, et celle du 7e arrondissement, Rachida Dati, ennemies intimes, en savent quelque chose.
"Ce qui me feront taire ne sont pas encore nés", clame Anne Hidalgo lorsque les points qu'elle présente sont critiqués. Cela pose l'ambiance. "Vous êtes à 4%, et vous n'irez pas plus loin", a asséné l'ancienne Garde des Sceaux à la candidate socialiste à la présidentielle, l'accusant de profiter de son rôle d'édile pour faire de la politique nationale d'après Le Figaro. "Devant la faiblesse de votre candidature, le Conseil de Paris devient une tribune de votre campagne électorale désespérée et désespérante", a dit ensuite l'ancienne ministre LR. Puis, Fatoumata Koné, présidente du groupe écologiste, a pris la parole pour lui reprocher de faire plus de la communication que des actions concrètes, elle s'est fait critiquer par la maire socialiste : "Vous préférez vous faire applaudir par Les Républicains ? Ça ne vous choque pas ?"
La tension a ensuite été à son comble avec la venue au micro d'Ian Brossat, adjoint à la mairie de Paris chargé du logement et directeur de campagne de Fabien Roussel (PCF). Alors qu'il prenait la parole sur la question des logements sinistrés, Rachida Dati lui a coupé la parole, il a alors rétorqué : "C'est moi qui parle. Quand j'étais prof à Sarcelles, les élèves se taisaient, donc vous allez faire pareil." Un échange qui a choqué l'assemblée, au sein de la droite qui a montré en masse son soutien à l'ex-ministre sur Twitter et exigé des excuses, mais également les écologistes. Sandrine Rousseau, finaliste de la primaire EELV, a écrit : "Je trouve cette remarque très spécieuse. Entre le renvoi d'une élue au statut d'élève et la référence au quartier.... Je sais pas."
La relation entre Anne Hidalgo et Rachida Dati ne partait pourtant pas que sur de mauvaises bases. Un article de Vanity Fair en 2020 faisait état de points communs, entre un passé familial marqué par l'immigration, marocaine pour l'une, espagnole pour l'autre, et le sexisme auquel font face les femmes qui accèdent à des postes importants. "Les deux femmes se sont liées durant la campagne municipale de 2014, unies dans la détestation de Nathalie Kosciusco-Morizet", écrivait Vanity Fair.
Quelles sont les raisons de l'inimitié forte entre les deux femmes alors ? "Pendant la campagne [municipale de 2020], j'ai découvert qu'Anne Hidalgo avait demandé à Nicolas Sarkozy de m'empêcher de conclure des alliances dans certains arrondissements. Je n'ai pas aimé, c'est déloyal", a confié l'ex-députée européenne à Vanity Fair. Maire sortante réélue pour un second mandat l'an passé, Anne Hidalgo fait désormais face à des critiques au-delà des Républicains. Elle est investie ce jeudi 14 octobre au soir par le Parti socialiste pour la présidentielle pour tenter de relancer une campagne qui peine à décoller ; elle est créditée pour le moment de 5 à 7% des intentions de votes au premier tour.