Après leur visite officielle en Espagne au mois de novembre, rendue spectaculaire par les retrouvailles - au sommet du glamour - des reines Letizia et Rania, le roi Abdullah II de Jordanie et son épouse assuraient ces derniers jours de nouveaux engagements diplomatiques, entre la réception du couple présidentiel allemand à Amman, où la reine a également eu dernièrement un entretien avec la première dame du Gabon, Sylvia Bongo Ondimba, et une visite à Rome. Une excursion italienne sanctionnée par... un nouveau diplôme pour Rania.
Diplômée en gestion des affaires de l'Université américaine du Caire et créditée d'une brève expérience professionnelle dans le marketing, Rania de Jordanie a abandonné il y a bien longtemps cette éphémère trajectoire pour embrasser sa carrière royale, suite à son mariage en 1999 avec le roi Abdullah II. Devenue une figure philanthropique de premier plan à l'échelle mondiale, elle a fait de l'éducation - des fillettes et des jeunes femmes en particulier - son grand cheval de bataille, dans son pays comme partout ailleurs, et la clé d'un avenir meilleur, mais s'est aussi affirmée comme une grande messagère de la paix et du dialogue interculturel. Après avoir déjà reçu un prix récemment à Berlin, c'est cette deuxième facette de son engagement qui a été distinguée jeudi 10 décembre lors d'une cérémonie organisée à La Sapienza, la prestigieuse université romaine.
Dans le cadre d'une visite officielle du couple royal hachémite en Italie, Rania de Jordanie, 45 ans, a été faite docteur honoraire en développement des sciences et coopération internationale de cette faculté réputée, en reconnaissance de ses actions pour la paix, la tolérance, et contre les discriminations de religion ou de genre. Dûment vêtue de la robe et du chapeau d'une doctorante fraîchement reçue, la reine a prononcé devant un public de 300 personnes - étudiants, leaders d'opinion, etc. - un discours directement focalisé sur le terrorisme et son voeu d'une unité globale contre Daesh, "dont l'unique but est de détruire le monde civilisé", évoquant aussi bien la destruction de sites antiques comme Palmyre que les "scènes de vies volées, d'enfances perdues, de torture et de meurtre de masse" qui ont touché les communautés de Syrie et d'Irak. "Pour la première fois dans l'Histoire, le monde civilisé a un ennemi commun", a-t-elle harangué à propos de ce "tournant pour l'humanité". Des paroles qui faisaient écho à celles prononcées l'été dernier en France, à Paris, en présence de sa fille la princesse Iman.
Rome elle-même a également inspiré de l'espoir à l'héroïne du jour : observant la puissance de l'histoire de la Ville éternelle et la manière dont "l'érudition et la science, la culture et la créativité, l'art et l'architecture y ont perduré et prospéré au fil des siècles", Rania a voulu y voir l'heureux présage d'un avenir serein. Sur Instagram, elle a prolongé sa prise de parole, avec passion, en légende d'une image la représentant en chaire lors de la cérémonie : "Il faut que nous pensions d'une nouvelle manière. A savoir : avoir le courage de changer d'opinion sur ce que nous pensions savoir. Avoir le courage de collaborer avec ceux dont nous nous méfiions auparavant. Que ce soit l'opportunité d'actions inhabituelles. De collaborations audacieuses entre amis révolus, anciens rivaux et ressources inexploitées. Que les dirigeants politiques fassent une priorité de ce combat... et s'unissent. Que les leaders religieux recherchent un consensus... et s'unissent. Que les gens comprennent ce qui est en jeu... et s'unissent."
A la veille de ce rendez-vous à l'université La Sapienza, Abdullah II et Rania de Jordanie avaient dîné en compagnie du Premier ministre italien Matteo Renzi et son épouse Agnes Landini, avant d'être reçus dans la journée de mercredi par le président Sergio Mattarella et sa fille Laura au Palais Quirinale et de prendre part à la conférence Mediterranean Dialogues.
Rentrée à Amman, la reine s'entretenait le dimanche 13 décembre avec Sylvia Bongo Ondimba, première dame du Gabon, très intéressée par les actions entreprises par Rania dans le champ de l'éducation, avant de récompenser lundi les lauréats du 10e Teacher Award et du 4e Principal Award pour le 10e anniversaire du Queen Rania Al Abdullah Award for Excellence in Education (QRAEE), un prix dédié à des éléments exemplaires du système éducatif, au centre culturel royal Al Hussein Youth City. "Eminents enseignants... Vous êtes en première ligne dans notre combat pour vaincre les ennemis de l'humanité, louait-elle une semaine plus tôt lors du Teachers Skills Forum. Et de même que des nations doivent armer leurs soldats, il est de notre devoir de vous doter des dernières techniques d'enseignement. Vous n'êtes pas seuls pour bâtir le présent... Vous donnez de l'espoir et créez des opportunités... Vous instillez la passion du savoir et l'ambition... Vous peignez dans l'esprit de nos enfants l'amour de la vie, avec les couleurs les plus éclatantes." Lundi, elle a insisté : "En ces temps tourmentés, nous avons plus que jamais besoin de nos enseignants... Notre avenir dépend de la prochaine génération, de son éducation et des valeurs que les enseignants lui inculqueront", pouvait-on lire sur son compte Instagram.