Au mois d'avril dernier, Libération lui tirait le portrait et l'annonçait : il peut s'infiltrer partout, il peut tout jouer. Lui, c'est Raphaël Quenard, étoile montante du cinéma français âgée de 32 ans à l'affiche du succès surprise de Quentin Dupieux, Yannick. Remarqué et remarquable dans Chien de la casse et comme un poisson dans l'eau au Festival d'Angoulême, il imprime son visage au trait anguleux, au regard clair et aux cheveux un peu fous, dans la mémoire des spectateurs. Un être qui ne pouvait que figurer dans le magazine Society qui s'est longuement entretenu avec lui. Un acteur littéralement habité par sa passion du cinéma qui se lit à chaque ligne.
Fan de foot et des tacles, Raphaël Quenard aime la rigolade et les amitiés. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir été rigoureux dans chacune des expériences qu'il a tentée. L'école d'abord pour ce natif de Gières dans la banlieue de Grenoble. "L'école, franchement, j'ai adoré ça. (...) Je n'ai jamais eu de réticence à aller en cours, mais l'amour de la rigolade avec les amis et l'envie de tester les limites, c'est parfois trop fort... De temps à autre, ça m'a envoyé en conseil de discipline", raconte-t-il, en se souvenant ensuite d'une altercation avec une prof qui finit par lui envoyer son carnet sur la tête : "Bon, ça j'avoue, ça m'a mis un petit coup de sang pas prévu. Ça s'est terminé en tête contre tête avec la prof d'abord, puis, en visite chez le directeur..."
Raphaël Quenard s'est aussi essayé à une carrière de militaire, songeant à son illustre grand-père colonel, puis à la chimie (un master en poche) et la politique. Il deviendra assistant parlementaire de Bernadette Laclais pour la 4e circonscription de Savoie. Mais celui qui est fascinée par le charisme des politiques de tout bord s'est lassé par l'aspect du technique du métier. Lui est touché par l'extrême fragilité du métier, entre séduction, panache et faiblesse des orateurs.
Ce qu'il aime donc, c'est l'éloquence des personnalités politiques et le côté spectacle. Il était donc fait pour être acteur. Un caméléon qui peut s'infiltrer partout. Il vit désormais de sa passion pour le 7e art, celle qui l'entraînait à aller voir deux films par jour quand il avait la vingtaine, à tel point qu'il devait trouver des excuses pour sa petite-amie de l'époque. "Expliquer de façon rationnelle une passion, c'est pas simple", dira-t-il. Alors il faut aller le voir sur un écran, et là, tout s'éclaire.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Society du 31 août 2023