Le mystère de l'agression par arme à feu contre le nageur américain Ryan Lochte et ses trois camarades de natation, Gunnar Bentz, Jack Conger et James Feigen, commence à s'éclaircir. Si, pour l'heure, tout semble indiquer que le groupe a largement grossi le trait de cette agression, quelques zones d'ombres persistent encore...
L'un d'entre eux a littéralement vandalisé les toilettes
Ryan Lochte et ses collègues avaient affirmé avoir été agressés par de faux policiers dans la nuit du 14 août, au retour d'une fête au Club France, alors qu'ils étaient en taxi. Une histoire d'abord démentie par le Comité international olympiques (CIO) mais confirmée par un porte-parole du Comité olympique des États-Unis (USOC) quelques heures plus tard. Problème : les autorités brésiliennes ont mené l'enquête et tout laisse à penser que l'agression dont le groupe affirme avoir été victime est, au moins partiellement, un mensonge. En effet, un coup d'oeil sur les bandes-vidéos d'une station-service de Rio a permis de voir que Ryan Lochte et ses coéquipiers s'étaient "arrêtés dans une station-service, sont allés aux toilettes, et ce que la vidéosurveillance montre, c'est que l'un d'entre eux a littéralement vandalisé les toilettes, brisant des miroirs et des objets à l'intérieur", a relaté le chef de la police civile de Rio, Fernando Veloso. Rapidement, deux vigiles sont alors intervenus, ont appelé la police et ont demandé aux athlètes d'attendre, exigeant qu'ils remboursent les dégâts. Sauf que, face aux Américains très éméchés et souhaitant rentrer au village olympique, l'un des vigiles a bel et bien sorti son arme pour les menacer.
Aucun type de violence à leur égard
Le chef de la police a ajouté : "Nous pouvons affirmer que les athlètes n'ont pas été volés. (...) Les images de vidéo-surveillance ne montrent aucun type de violence à leur égard." Une information qui a son importance puisque Ryan Lochte avait affirmé s'être fait voler de l'argent et son portefeuille pendant l'attaque. La juge chargée du dossier avait déclaré : "Les victimes sont rentrées physiquement et mentalement en pleine forme, au point de plaisanter entre elles." Les images de l'entrée du village olympique montreraient même les athlètes déposant tous leurs effets personnels dans les bacs prévus pour les détecteurs de métaux. Après la conférence de presse de la police de Rio, le Comité olympique américain (USOC) a présenté ses excuses "à ses hôtes et au peuple du Brésil". Il a aussi évoqué des "conséquences potentielles" pour les athlètes.
"En théorie, l'un d'eux ou le groupe entier pourrait être inculpé pour dénonciation mensongère de délit et dégradation de biens privés dans la station-service. Il ne sont pas inculpés à ce stade car il est nécessaire de finaliser l'enquête. Mais, en tout état de cause, ce type de délit n'entraînera pas leur détention", a expliqué le policier.
Oui mais voilà, du côté des nageurs, c'est un autre son de cloche qui se fait entendre. En effet, le site américain TMZ.com affirme que dans la station-service en question, une seule dégradation a été constatée : en l'occurrence une affiche publicitaire pour des sandwichs légèrement déchirée. Ryan Lochte aurait offert 50 dollars de dédommagements mais le gérant réclamait plus et se serait montré menaçant, au point d'envoyer ses vigiles avec leurs armes. Devant la menace, le nageur aurait alors finalement payé 400 dollars ! D'où l'explication de l'Américain sur ce qu'il considère comme un vol.
Le site parle également d'un autre déroulement des faits, tout en précisant qu'il manquerait trois minutes sur les bandes-vidéos : les athlètes auraient tranquillement regagné leur véhicule après un passage mouvementé aux toilettes, impossible à voir sur la caméra, et c'est à ce moment que les vigiles seraient intervenus. Le site affirme qu'on ne peut pas clairement voir la présence d'une arme à feu. Ryan Lochte et ses coéquipiers avaient évoqué de faux policiers avec des badges qui les auraient arrêtés pendant leur trajet pour regagner le village olympique...
Côté justice, aucun des quatre membres n'a pour l'heure été officiellement accusé de quoi que ce soit. Ryan Lochte avait regagné rapidement les États-Unis avant la fin de l'enquête alors que Jack Conger et Gunnar Bentz avaient été débarqués de leur avion pour un interrogatoire avec la police brésilienne jeudi 18 août avant d'être relâchés. Ils ont depuis regagné le sol américain. Quant à James Feigen, il serait encore au Brésil. Comme le rapporte la presse brésilienne et américaine, même s'ils ont bien menti dans leur déclaration et ont inventé une fausse agression, cela ne devrait cependant pas les mener en prison. Ils risquent au pire une grosse amende.
Thomas Montet