L'été dernier, Roman Polanski a été mis en examen pour diffamation après le dépôt d'une plainte de l'ancienne actrice Charlotte Lewis. Cette Anglaise de 54 ans, qui accuse le réalisateur de l'avoir violée au début des années 1980, lui reproche une interview accordée à Paris Match en décembre 2019. A ce moment là, le cinéaste de 88 ans avait été nommé à de multiples reprises aux César pour son film J'accuse. Nominations qui avaient suscité l'indignation à la lumière des accusations de viol qui pèsent sur lui depuis de nombreuses années.
Auprès de Paris Match, Roman Polanski s'était alors défendu en évoquant plusieurs plaignantes, y compris Charlotte Lewis. Cette dernière affirme avoir été violée lors d'une rencontre avec le cinéaste franco-polonais, à son domicile parisien, lorsqu'elle était un jeune mannequin en quête d'un rôle au cinéma. Le mari d'Emmanuelle Seigner a alors crié au mensonge. Charlotte Lewis a donc contre-attaqué en visant non seulement le réalisateur, mais aussi Constance Benqué, la présidente de Lagardère News (qui possède Paris Match).
Ce vendredi 17 décembre 2021, auprès du Parisien, l'ex-actrice est revenue sur cette action en justice. "Quand j'ai lu que Roman Polanski me traitait de menteuse, j'ai été bouleversée", a-t-elle expliqué, depuis Londres. "Je me suis dit que ça suffisait, qu'il était temps de laver mon nom et celui de mon fils. Je n'ai jamais changé un mot de mon récit et je suis prête à aller au tribunal. Ce sera la première fois que Roman Polanski sera jugé depuis qu'il a fui la justice américaine en 1977."
Celle qui a partagé le tournage du film Pirates en 1986 avec Roman Polanski explique avoir d'abord tenté de reprendre sa vie et "d'oublier cet épisode", malgré des troubles du comportement alimentaire et un syndrome de stress post-traumatique diagnostiqué. Charlotte Lewis a été rattrapée par le passé en 2010, lorsque Roman Polanski a été assigné à résidence, suite à la plainte de Samantha Geimer pour une relation survenue en 1977 (elle avait 13 ans). Lorsqu'elle a tenté de faire entendre sa vérité en 2010, Charlotte Lewis a fait l'objet d'une "campagne de diffamation".
Je suis Roman Polanski. Je rends les femmes célèbres
Le Parisien rapporte aujourd'hui une information importante : deux témoignages sous serment évoquant le viol présumé (désormais prescrit), enregistrés par la justice américaine, corroborent la version de Charlotte Lewis. Il y a d'abord Angela Ryan, copine de collège rencontrée à 12 ans dans une école catholique de Londres. A peine rentrée de Paris en 1983, l'actrice en herbe aurait raconté à son amie avoir été violée : "Elle m'a dit : 'Angela, tu savais que les hommes mettent leur pénis dans la bouche des femmes ?' J'ai fini par lui demander : 'Qu'est-ce qui s'est passé à Paris ?' Elle m'a répondu : 'Roman Polanski m'a violée, Angela'", a confirmé Angela Ryan à nos confrères.
En mai 2016, l'ex-mannequin Karen Smith a fait une autre déclaration à charge et assuré qu'elle était dans l'appartement de Polanski la nuit de sa rencontre avec Charlotte Lewis. C'est elle qui aurait convaincu le cinéaste de confier un rôle à la jeune Anglaise pour Pirates. Après un dîner à trois au restaurant, "le réalisateur invite les deux jeunes filles à dormir avenue Montaigne dans l'appartement adjacent au sien, prétextant que leur hôtel est inconfortable", rapporte le journal.
Karen Smith dit avoir retrouvé Charlotte Lewis le lendemain matin chez Roman Polanski, "ébouriffée, très groggy, étourdie et tenant difficilement sur ses pieds". Elle lui aurait alors dit avoir subi un viol. En confrontant le cinéaste, Karen Smith se serait alors vu répondre qu'il ne peut pas "se contrôler" et : "Je suis Roman Polanski. Je rends les femmes célèbres." Toujours selon Karen Smith - qui s'appuie sur son journal intime rédigé à l'époque - quelques mois plus tard sur le tournage de Pirates, Charlotte Lewis aurait demandé à un ami présent de la "protéger".
En 2017, quatre autres femmes ont accusé le cinéaste de viol. En 2019, c'était au tour de l'ex-mannequin et photographe française Valentine Monnier de dénoncer un viol qui serait survenu en 1975 en Suisse. Auprès du Parisien, l'avocat du cinéaste Hervé Temime a commenté cette nouvelle interview de Charlotte Lewis en affirmant que son client "conteste avec la plus grande fermeté" ces accusations. "Il fera état lors du procès en diffamation qui lui est intenté de tous les éléments démontrant ses mensonges et ses contradictions, dans les règles de la procédure judiciaire et le respect du contradictoire."
Roman Polanski reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.