Particulièrement touchée par le meurtre de Samuel Paty, cet enseignant d'histoire-géographie décapité devant son collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) le 16 octobre 2020, Sara Forestier lui a adressé une lettre poignante. La comédienne et réalisatrice a demandé à Cyril Hanouna d'ouvrir son émission Balance ton post, diffusée jeudi soir sur C8, avec la lecture de son texte engagé en faveur de la laïcité.
L'actrice aux deux César a souhaité commencer sa lettre "par des mots d'affection, de reconnaissance, de tristesse", en confiant avoir été "blessée dans (son) intime, (son) histoire, comme si on avait touché à un de (ses) profs, touché la source de (son) savoir". Elle a alors ajouté : "Nous nous devons l'exigence de la connaissance. Face à l'horreur de votre meurtre, on a vu où nous mène l'ignorance (...). Après l'effroi de ce qui s'est passé, je me suis retroussée les manches car j'étais, je dois dire, bien ignorante à propos du droit de blasphème et de son intérêt." Sara Forestier s'efforce ensuite de "vulgariser" ce qu'elle a "appris" : qu'il y a eu une religion d'Etat en France, le christianisme, une époque lors de laquelle "blaguer à propos de Jésus" n'était pas possible. Puis le combat des Français qui souhaitaient avoir "le droit de ne pas croire" et même celui de "rire de Dieu".
"Ça a été une longue bataille mais on a gagné ce droit. Et puisqu'on n'était plus obligé de croire en ce Dieu, on a eu le droit de pouvoir croire en d'autres dieux (...). C'est parce qu'on a eu le droit de blasphémer qu'on a eu le droit de croire en ce que l'on veut, ou pas", la comédienne de L'Esquive a-t-elle déclaré devant les caméras. "Le droit de blasphème protège la liberté de culte et la diversité des cultes."
Nous nous devons le discernement
La star de 34 ans a poursuivi sa lettre en lisant : "Il y a des gens qui veulent mettre de la confusion, mettre tout dans le même sac (...) sous le nom de l'islamophobie. Une agression raciste, c'est puni par la loi. Un acte de vandalisme d'un lieu de culte, c'est puni par la loi. Et ils veulent le mettre sur le même plan qu'une caricature et dire que c'est de l'islamophobie, alors que c'est sensiblement antagoniste." Sara Forestier conclut alors : "Nous nous devons le discernement et, en votre mémoire [Samuel Paty], nous nous devons toutes ces exigences."
Un discours qui fait écho à celui prononcé par Emmanuel Macron, lors de l'hommage national qui a été rendu à Samuel Paty à la Sorbonne, mercredi soir : "Nous continuerons ce combat pour la liberté, ce combat pour défendre la République dont vous êtes devenu le visage (...). En France, professeur, les Lumières ne s'éteignent jamais", le président de la République a quant à lui affirmé face au cercueil du professeur d'histoire-géographie, qui a reçu la Légion d'honneur à titre posthume.