Onze après son Molière, Sara Giraudeau a décroché son premier César en 2018 pour sa participation à Petit Paysan d'Hubert Charuel. En 2019, elle tiendra son premier premier rôle au cinéma dans Les Envoûtés de Pascal Bonitzer. "J'ai longtemps pensé que le cinéma ne voulait pas de moi", confie la comédienne dans un grand entretien à Télérama.
Très tôt, Sara Giraudeau s'est illustrée dans de grands rôles sur les planches. Au cinéma, la fille d'Anny Duperey et de Bernard Giraudeau a rencontré plus de difficultés. D'autant qu'elle déteste les castings. Comme elle l'explique à Télérama, en kiosques ce mardi 8 janvier 2019, elle a longtemps pensé que son physique était source d'un malentendu : "À un moment, la particularité de ma voix et ma fragilité ont contribué à me figer dans l'esprit des autres. J'étais jeune. Le stress m'empêchait de faire ressortir ce que je voulais et renforçait ce que je voulais atténuer. Ma voix était sans doute encore plus aiguë, je devais sembler encore plus fragile. Comme si je transpirais le 'excusez-moi d'être là', alors qu'à l'intérieur je criais 'je vais vous péter la gueule'." Ses grands yeux clairs renforcent cette douceur. L'actrice assume aujourd'hui cette beauté singulière : "Je suis très heureuse de ne pas être une 'grosse bombasse'. Quelle que soit notre beauté, on a tous des trajets à faire avant de s'accepter... Quand elle était jeune, ma mère a souvent entendu : 'Vous, vous êtes mannequin...' 'Non, je suis comédienne', 'Ah, mannequin-comédienne, alors.' Ma mère était une bombe, mon père était une bombe. Je suppose que ma beauté est plus particulière. Et je trouve – enfin, j'espère avoir raison – que c'est un atout pour durer", estime la mère des petites Mona (8 ans) et Bonnie (2 ans), nées de sa relation avec l'acteur Simon Hubert.
Ma voix et ma fragilité ont contribué à me figer dans l'esprit des autres
La douceur qu'elle dégage est pourtant ce qui a séduit Éric Rochant pour faire de Sara Giraudeau la jeune jeune espionne Marina Loiseau : "Cette douceur, c'est ma nature, affirme l'actrice. Je pensais qu'elle serait incompatible avec un rôle d'espionne. Je suis allée au casting du Bureau des légendes persuadée que je ne serais pas prise, et Éric Rochant m'a fait comprendre qu'au contraire mon tempérament servirait très bien le personnage. C'est précisément la contradiction entre une douceur apparente et une force intérieure qui fait une bonne espionne."
C'est également cette douceur apparente qui a inquiété son père, le regretté Bernard Giraudeau, aux débuts de sa fille. "Il avait peur que ça ne marche pas, que je souffre, qu'on se moque. (...) Il voulait me protéger, moi l'hypersensible. J'avais l'impression qu'il me lâchait, se souvient Sara Giraudeau. À ses yeux, j'étais ce que le cinéma a fait de moi au début : un petit être fragile qui risque de tomber au premier coup de vent. Et puis il m'a vue au théâtre, il a été rassuré."
Retrouvez l'intégralité de cette interview de Sara Giraudeau dans Télérama, en kiosques ce 9 janvier.