Sébastien Bellin fait partie des rescapés des attentats-suicide du 22 mars 2016. Son nom ne figure pas dans la liste des 32 personnes tuées dans les explosions des kamikazes Ibrahim et Khalid El Bakraoui et Najim Laachraoui à l'aéroport et dans le métro de Bruxelles, mais dans celle des quelque 270 blessés. Depuis deux jours, une image de l'ancien international de basket belge fait le tour des médias et des réseaux sociaux : allongé de tous ses 2m06 sur le sol de l'aéroport, l'ex-champion de Belgique 2007 a la jambe gauche étendue dans une flaque de sang, le visage hagard, le corps couvert de poussière.
Rapidement, son ancien club a communiqué des nouvelles rassurantes : "Sébastien a subi une première opération. Mais il reste encore des débris dans sa jambe et dans sa hanche. Il a été projeté à 20 mètres", révélait le BC Oostende sur son compte Twitter.
Egalement passé au cours de sa carrière par les clubs d'Anvers, Gand et Mons-Hainaut, Sébastien Bellin, âgé de 37 ans et qui a pris sa retraite sportive il y a deux ans, a l'habitude de voyager. Le natif de Saõ Paolo, qui multiplie les allers-retours entre la Belgique et les Etats-Unis - où il vit, installé dans le Michigan - dans le cadre de ses activités pour une société de production de vidéos en lien avec des événements sportifs, fait le récit des moments de stupeur et de terreur qu'il a vécus : "Après avoir entendu une première explosion près de la pharmacie du hall des départs, raconte-t-il depuis son lit à l'hôpital Erasme à nos confrères belges du quotidien Le Soir, je me suis mis à courir. Je voulais sortir, sans réfléchir. M'échapper car il se passait forcément quelque chose d'anormal. Mais ce n'était pas une bonne idée. Je le sais maintenant. Car on m'a tiré dessus. À la kalachnikov, sûrement. Je n'ai pas vu d'où ça venait car j'étais obnubilé par ma fuite. Je me suis affalé, touché à la hanche. Et puis, l'autre déflagration. Là, je me suis envolé. Sur 15 ou 20 mètres. Mes 115 kilos soufflés comme un oreiller de plumes, c'est tout simplement ahurissant !"
Touché par balle puis soufflé par une explosion, le géant a totu de même eu la lucidité d'essayer de prendre la fuite : "Pendant tout ce temps, je me disais "je vais y arriver, je vais y arriver, je vais y arriver", a également relaté à l'émission américaine Good Morning America le pivot passé par les Golden Grizzlies de l'Université d'Oakland, au bord des larmes. C'est quand je me suis retrouvé dans l'ambulance que j'ai su que j'étais sauvé. Jusque-là, je n'en savais rien."
Jusque-là, il s'accrochait à ce qui pouvait le faire tenir. "Je ne voulais pas que mes filles grandissent sans papa. C'est drôle le nombre de choses auxquelles vous pouvez penser", confie-t-il, faisant allusion à sa fille de 7 ans qui apprend à jouer au tennis : "Mince, il faut que je m'en sorte parce qu'elle a besoin de son coach... Ce sont des choses comme ça qui vous passent par la tête. Ça semble totalement trivial, mais vous en passez par là."
Après les attentats, Sara Bellin, l'épouse de Sébastien, avait indiqué via Facebook que sa jambe était "quasiment séparée en deux" avant l'opération et qu'il avait aussi la hanche cassée : "Et il y a toujours des fragments de bombe à l'intérieur de lui. Il a très mal, mais il a dit que ce n'est rien comparé à ce qui est arrivé aux autres gens. Il dit qu'il a eu de la chance", écrivait-elle, se réjouissant qu'il soit, malgré tout, toujours en vie.