Simone Veil et son époux, Antoine Veil ont rejoint le Panthéon dimanche 1er juillet 2018. La femme politique, qui avait notamment porté la loi encadrant une dépénalisation de l'avortement en France, reposait jusqu'ici auprès de son époux du cimetière Montparnasse. Lors de l'hommage national qui lui a été rendu le 5 juillet 2017 au Invalides (elle est morte le 29 juin 2017 à 89 ans), le président Emmanuel Macron avait annoncé qu'elle rejoindrait le Panthéon où reposent les héros de la nation.
Avant cette cérémonie, qui a réuni des millions de personnes autour du Panthéon, les cercueils de Simone et d'Antoine Veil ont été exposés les 29 et 30 juin dans la crypte du Mémorial de la Shoah à Paris. Les anonymes ont ainsi pu leur rendre hommage en se recueillant quelques instants sur leur dépouille.
Dimanche, les cercueils sont arrivés au Panthéon vers 10h30. Le parcours suivait un grand tapis bleu synonyme de "la paix, l'entente entre les peuples, et bien sûr, l'Europe", selon l'Élysée. Le président Emmanuel Macron a alors prononcé un discours rappelant que la décision de transférer Simone Veil au Panthéon "ne fut pas seulement la [sienne], ce ne fut pas non plus celle de sa famille qui cependant y consentit, cette décision fut celle de tous les Français. C'est intensément, tacitement, ce que toutes les Françaises et tous les Français souhaitaient. (...) Avec Simone Veil entrent ici ces générations de femmes qui ont fait la France. (...) La France aime Simone Veil."
Elle qui avait vécu l'indicible expérience de la sauvagerie arbitraire
Simone Veil entre au Panthéon pour ses trois combats : la réconciliation après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle elle a perdu ses parents et son frère, déportés, comme elle ; la lutte pour les droits des femmes et enfin son engagement pour l'Europe. "Elle qui avait vécu l'indicible expérience de la sauvagerie arbitraire savait que seuls le dialogue et la concorde entre les peuples empêcheraient qu'Auschwitz ne renaisse sur les cendres froides de ses victimes. Elle se fit combattante de l'Europe."
Deux fils du couple Veil (Jean et Pierre-François) et leurs descendants ont assisté à la cérémonie. Parmi les musiques qui furent jouées L'Ode à la joie de Beethoven, devenue l'hymne européen, mais aussi Nuits et Brouillards de Jean Ferrat, une chanson dédiée aux victimes des camps de concentration et reprise par les jeunes choristes de l'Opéra-Comique. Les deux cercueils étaient recouverts d'un drapeau aux couleurs de la France et ont fait leur apparition au son d'un solo de violoncelle de la Suite numéro 5 de Jean-Sébastien Bach. Parmi les personnalités conviées à ce nouvel hommage, il fallait compter sur les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, ce dernier était accompagné de son épouse Carla Bruni-Sarkozy. Le Premier ministre Édouard Philippe, l'ancien ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, la maire de Paris Anne Hidalgo, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, Christian Estrosi et Laura Tenoudji, Barbara Hendricks, les époux Serge et Beate Klarsfled, la ministre Agnès Buzyn et son époux Yves Levy, Christine Ockrent et Bernard Kouchner et enfin le maire du 15e arrondissement Philippe Goujon étaient là.
Simone et Antoine Veil reposent pour le moment dans la nef du Panthéon. Ce 2 juillet, ils rejoindront, pour l'éternité, le sixième caveau de la crypte où reposent déjà les résistants Jean Moulin et René Cassin, Jean Monnet, l'un des principaux fondateurs de la Communauté économique européenne, ainsi que l'écrivain et homme politique André Malraux.