
Le 27 janvier 1945, les troupes russes libéraient le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau, en Pologne, révélant au monde l'horreur du génocide nazi. Pour commémorer l’événement, Emmanuel Macron s'est rendu lundi, exactement quatre-vingt ans plus tard, au mémorial de la Shoah à Paris. Il y a observé une minute de silence en mémoire des victimes de l'Holocauste, déposé une gerbe et signé le livre d'or. "Nous ne céderons rien face à l'antisémitisme sous toutes ses formes", a-t-il écrit. "L'universalisme de la France se nourrit de ces combats", a-t-il ajouté.
Dans le cadre des commémorations, le président et son épouse Brigitte Macron ont participé lundi après-midi en Pologne à la cérémonie internationale organisée sur le site d'Auschwitz-Birkenau en présence d'autres dirigeants étrangers De nombreuses personnalités royales ont également fait partie des invités, comme Felipe et Letizia d'Espagne, Mathilde et Philippe de Belgique mais aussi l'héritière Victoria de Suède, Haakon de Norvège, le roi Willem-Alexander, la reine Maxima et leur fille Catharina-Amalia ou encore le roi d'Angleterre, Charles III. Son fils aîné et héritier, le prince William, a lui commémoré l'événement depuis le Royaume-Uni, accompagné de son épouse Kate.
Visages sombres et solennels, les dirigeants et tous les représentants internationaux ont assuré leur devoir de mémoire. Parmi les délégations des 54 pays qui ont répondu présents pour commémorer cet anniversaire, dirigeants politiques. Tels que le président et le chancelier allemand, Frank-Walter Steinmeier et Olaf Scholz, ainsi que le président et résistant ukrainien Volodymyr Zelensky et le chef de l’État polonais, Andrzej Duda. Etaient absents les représentants de l’État russe alors que la guerre en Ukraine continue, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou – visé par un mandat d’arrêt international, mais qui n'aurait pas été appliqué... –, et le président américain Donald Trump.

En fin d'après-midi, la ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé 3,5 millions d'euros supplémentaires pour l'extension et le réaménagement du Musée d'art et d'histoire du Judaïsme (mahJ), portant à 6,5 millions d'euros le soutien de l'Etat dans ce projet. A Paris, la ministre de l'Education Elisabeth Borne, dont le père a été déporté à Auschwitz, a visité le mémorial de la Shoah à la mi-journée, accompagnée notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo, en commençant par l'exposition retraçant l'histoire du judaïsme et la montée de l'antisémitisme en Europe. L'enseignement de la Shoah doit pouvoir être abordé "sans aucune censure", a déclaré la ministre, faisant de l'école "ce rempart d'humanité contre l'oubli de l'Histoire et la banalisation de la haine".
Après la lecture d'une lettre de déporté, un chœur de 120 lycéens a chanté plusieurs chansons choisies par les rescapés présents et symbolisant à leurs yeux la Shoah - Nuit et brouillard de Jean Ferrat, la Marseillaise, le Chant des marais... Dans la matinée, Esther Sénot et Léon Placek, rescapés des camps, ont répondu aux questions de lycéens sur leur déportation, a constaté une journaliste de l'AFP. "Quand je suis revenu de déportation, je pesais 28-30 kilos...", a ainsi expliqué Léon Placek, 91 ans, survivant du camp de Bergen-Belsen où il a été déporté à l'âge de 10 ans avec sa mère et son frère.
Le Premier ministre François Bayrou a ravivé la flamme du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe à Paris en présence de représentants de l'Union des déportés d'Auschwitz.

De son côté, la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a inauguré le jardin mémoriel de l'ancienne synagogue à Strasbourg avant des échanges prévus avec des collégiens, sur fond de recrudescence d'actes antisémites en France depuis plus d'un an. "Si nous honorons aujourd'hui les victimes du passé, nous devons être lucides sur les combats du présent (...) l'antisémitisme n'a pas disparu", a affirmé celle qui doit relancer le 13 février les assises de lutte contre l'antisémitisme.