C'est le visage grave et main dans la main qu'Emmanuel et Brigitte Macron ont foulé le pavé des Invalides pour l'hommage national organisé pour Simone Veil ce 5 juillet. Le président de la République pouvait dans ce moment très intense compter sur la présence de son épouse, tout de noir vêtue, cinq jours après l'annonce du décès de l'icône politique à 89 ans.
Durant son discours qui a suivi les mots bouleversants des fils de Simone Veil, Emmanuel Macron a déclaré qu'en signe de "l'immense remerciement du peuple français", elle entrerait au Panthéon où elle reposerait au côté de son époux Antoine Veil. De longs applaudissements ont salué cette décision qui ponctuait l'hommage national à cette grande figure de la vie politique française et du combat pour l'émancipation des femmes. Discrète, la première dame que l'on avait croisée quelques jours plus tôt à l'inauguration des 70 ans de la maison Dior, n'a manqué aucun mot de l'élocution à la fois solennelle et émouvante de son époux.
"Cette vie de femme offre à notre regard des abîmes dont elle aurait dû ne pas revenir, et des victoires éclatantes qu'aucune autre qu'elle n'aurait su remporter, a déclamé le chef de l'État dans son éloge funèbre. À ce mystère qui défie la raison commune et nous inspire tant de fascination, nous donnons en France un nom bien ancré dans notre génie national, et ce nom c'est : la grandeur qui fut la nôtre."
Le cercueil de Simone Veil recouvert du drapeau tricolore a fait son entrée dans la cour d'honneur de l'hôtel des Invalides, porté par la Garde républicaine au son de la Marche funèbre de Chopin avant d'être déposé à même le sol, à l'exact centre, sur un simple catafalque de bois vernis. Il a quitté la cour une heure plus tard dans une lente procession au son du Chant des Marais, celui des déportés, entonné par les Choeurs de l'Armée française en souvenir de la déportation de Simone Veil et de sa famille dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
Emmanuel Macron a rappelé les "combats du siècle" dernier menés par Simone Veil : sa "bataille pour que cessent les conditions sordides et meurtrières dans lesquelles se déroulaient les avortements" lorsque, ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing, elle avait porté, à bout de bras, en 1974 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Le chef de l'État a également évoqué le "combat pour l'Europe" de celle qui fut la première présidente du Parlement européen ou ceux pour "la ratification de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme à la tribune des Nations unies", pour "la protection sociale" ou "contre le racisme et l'antisémitisme".
À l'issue de la cérémonie aux Invalides, la dépouille de Simone Veil a été inhumée au cimetière du Montparnasse, c'est le grand rabbin de France, Haïm Korsia, qui a prononcé l'oraison funèbre. Conformément aux souhaits de la défunte, le kaddish, la prière juive des endeuillés, devait être dite.