Ils avaient 26 ans d'écart. Incarnation – parmi tant d'autres – du "quand on aime, on ne compte pas", Sophie Marceau et Andrzej Zulawski auront fait couler de l'encre jusqu'au bout. Que ce soit dès 1981 où Zulawski croise le regard de cette gamine de 14 ans qui, trois ans plus tard, deviendra sa compagne (elle avait 17 ans) puis sa muse de cinéma (avec quatre films à la clé), ou aujourd'hui, où Sophie Marceau pleure celui qui a été son compagnon pendant plus de 17 ans.
Dans un superbe portrait, Paris Match nous invite à replonger dans cette relation aussi passionnée que tumultueuse. On y apprend que "Zoska" (le surnom affectueux donné par Andrzej à Sophie Marceau) s'est rendue en Pologne pour tenter de convaincre le père de son fils Vincent de se soigner. Peine perdue, puisque le réalisateur polonais "refusait d'aller à l'hôpital" selon le traducteur français d'Andrzej Zulawski.
On replonge également dans ce couple qui s'est formé en 1984 "contre l'avis de tous", surtout du côté de Sophie Marceau, elle "qui se bat pour faire accepter Andrzej, qui a l'âge de ses parents". Qu'importe, contre vents et marées, comprendre autant sa famille et que ses proches de cinéma, l'héroïne de La Boum mènera sa vie amoureuse comme elle l'entend. Jamais mariée, que ce soit à Zulawski ou plus tard Christophe Lambert, l'actrice vit son indépendance et impose sa vision des choses. Une force de caractère à laquelle Zulawski ne sera pas insensible. "J'ai eu comme un éclair qui s'est éclairci de plus en plus avec le temps. Un grand bonheur. Elle m'a donne le goût de vivre", dira-t-il, avant de fatalement le (la) perdre lorsqu'en 2001, Sophie le quitte pour Jim Lemley, "un faiseur de vent". "J'ai mis trois ans à comprendre. Je ne comprends toujours pas", confiera-t-il au moment de faire paraître L'Infidélité, le premier des deux livres qu'il consacrera à l'amour envolé.
Au fil des années, la vie de couple des Marceau-Zulawski s'est étrangement liée à aux couples de leurs films, et en particulier celui de La Fidélité. Ce film, qui n'est autre que la dernière collaboration entre le cinéaste controversé et sa compagne-comédienne, rappelle un chapitre qui aura marqué durablement le couple, lorsque Sophie Marceau trompe son amoureux "avec un acteur rencontré au théâtre". L'erreur sera pardonnée puisqu'ils reviendront ensemble, et feront même un fils. À l'écran, l'histoire d'une femme mariée qui se trouve tentée par un jeune paparazzi.
"Je savais qu'il me protégeait. Je ne me suis pas demandé si j'étais amoureuse, j'avais l'impression que c'était autre chose que l'amour. C'était mieux, plus grand", confie Sophie Marceau, qui lui rend hommage ce 25 février en saluant "un homme unique". Passé de L'amour braque, foudroyant et passionnel, à une vie (trop) tranquille près de Varsovie, Sophie Marceau étouffe. "Pendant de nombreuses années, j'ai fait la navette entre Paris, Beverly Hills et Varsovie toutes les trois semaines", justifie la comédienne. La fin est proche, et le couple, à bout de souffle, finit par se séparer après un dernier film.
Si Sophie Marceau retrouve l'amour avec le producteur qu'elle avait rencontré sur le tournage de James Bond, Andrzej Zulawski se trouve face à un deuil impossible. Il décide alors de poser son chagrin sur papier blanc, en signant une fiction plus vraie que nature. Le titre : L'infidélité. L'histoire : Une actrice, compagne d'un philosophe plus âgé qu'elle, le quitte pour le fameux "faiseur de vent" qui semble être Lemley. Mais Zulawski s'en défend. "La preuve que ce n'est pas mon histoire, ce personnage s'appelle Danièle", argue-t-il, sauf que l'identité complète de Sophie n'est autre que Sophie Danièle Sylvie Maupu.
Et de souligner pour finir que Zulawski a bien tenté de renouer avec l'amour, dans les bras de la très jolie (et jeune) Weronika Rosati, de trente ans sa cadette. Alors le cinéaste écrivain voit son inspiration relancée, s'apprête à sortir un livre (Nocnik) que l'actrice polonaise fera interdire, parce qu'elle s'y reconnaît. Quant à Sophie Marceau, le temps pansant les blessures, elle restera connectée avec son ancien pygmalion, ne serait-ce que pour leur fils Vincent. "J'ai toujours tenu à ce qu'il fasse partie de l'éducation de son fils", soulignera-t-elle, comme le rapporte Match. Et c'est dont tout naturellement, comme une évidence, qu'elle est venue se recueillir et pleurer son mentor, aux côtés des trois enfants du cinéaste.
Portrait, photos et interviews à retrouver dans Paris Match, en kiosque depuis le 25 février.