Le grand méchant Stéphane Guillon fait encore parler de lui : humoriste à la verve vipérine, distributeur de mauvais points, machine à reproches assassins, le Guillon fait peur. Adepte des cibles évidentes sur lesquelles il s'acharne (parfois) facilement, l'acteur (bientôt à l'affiche Le temps de la kermesse est terminé avec Aïssa Maïga) ne fait pas dans la dentelle et met sa répartie acide au profit des supports pour lesquels il travaille : Salut les terriens, animé par Thierry Ardisson (à la télévision, sur Canal+) et sa chronique L'humeur de Stéphane Guillon sur la station de radio France Inter.
S'il est le premier à tirer sur l'ambulance DSK au sujet de ses infidélités, il n'hésite pas non plus à s'attaquer à ses patrons. Ainsi, ce matin, dans sa chronique sur France Inter, Stéphane Guillon a pris pour cible Jean-Luc Hees (patron de Radio France qui a été mis en place par le Chef de l'Etat) et Phillipe Val (ancien directeur de Charlie Hebdo et actuel directeur de France Inter).
Ce matin, Guillon a ironisé sur des affirmations de Philppe Val, qui a déclaré dans Le Monde que "France Inter est une radio qui coûte cher à l'actionnaire, qui n'est pourtant pas très bien traité par la station". L'humoriste a trouvé là l'occasion de tourner en ridicule un journaliste, plutôt de tendance gauche sur l'échiquier politique, qui défend un Président de droite : "C'est pas possible ! Sarkozy actionnaire de France Inter maltraité par des journalistes et des chroniqueurs surpayés ? Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo n'a pas pu dire ça ! Les actionnaires de France Inter, ce sont les auditeurs qui payent la redevance, en aucune façon Nicolas Sarkozy. Et admettons que nous soyons surpayés à le maltraiter, je le dis à Val : à partir de demain, je viens gratos !" (retrouvez toute la chronique ci-dessus).
Mais Val n'est pas le seul à subir l'humour corrosif de Guillon, puisque Jean-Luc Hees est également la cible des remarques (im)pertinentes du sniper radiophonique : l'humoriste s'est étonné de constater que Hees, qui est arrivé à la tête de Radio France (en remplacement de Cluzel) par la volonté du chef de l'Etat il y a six mois, ait été élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur, il y a quelques jours. Un "deuxième cadeau" de la part du Président assimilé comme une cooptation dérangeante et une façon pour Sarkozy "d'infiltrer les groupes".
S'attaquer à ses deux patrons, n'est-ce pas un peu dangereux ? Jean-Luc Hees a répondu au billet d'humeur de son salarié sur le site de lepoint.fr... avec humour. Loin de s'offusquer du ton provocateur de Guillon, Hees prend les choses avec détachement : "Le principe de liberté est entier sur France Inter [...] L'humour, c'est l'humour ! Il y a peut-être des limites, mais en l'occurrence elles ne sont pas franchies. Simplement, c'est la troisième fois que j'entends la même chronique sur ma légion d'honneur : la semaine dernière, c'était Didier Porte sur Inter et Guy Carlier sur Europe 1. Bon, ça va... je vais dire à Stéphane Guillon de se renouveler un peu. Même s'il rentre de vacances, il aurait pu trouver autre chose."
Toutefois, Hees ne se dédouane pas pour autant du duel proposé par son salarié taquin et déclare avec malice, au Point (voir ici) : "J'aimerais aussi rappeler à Guillon que je ne l'entends pas souvent dire du mal des patrons de Canal+, ses autres employeurs. Et pour cause, s'il se le permettait, eux ne réagiraient pas comme nous. Et il perdrait ses 40 000 euros par mois !" 40 000 euros ? On comprend mieux pourquoi le chroniqueur se dit prêt à venir faire sa chronique anti-Sarkozy gratuitement.
Guillon versus Hees : un point partout !
On constatera que Jean-Luc Hees confirme ici un élément pourtant infirmé par Guillon, il y a quelques mois : à l'époque, le très fiable magazine Le Point affirmait que le chroniqueur gagnait 9 000 euros par semaine pour sa revue de presse hebdomadaire sur Canal+ (à peu près 36 000 euros par mois, donc), plus une prime d'exclusivité de 9000 euros. En outre, il était annoncé qu'il touchait 350 euros par chronique sur France Inter, à raison de douze chroniques mensuelles (soit 4200 euros par mois).
A l'époque, Guillon avait confirmé le salaire de France Inter mais avait nié les chiffres avancés pour son travail effectué sur Canal+ : "le journaliste avait les bons chiffres, il a choisi de les multiplier par deux". Malgré le démenti de Guillon, Hees confirme pourtant bien ces chiffres qui élèvent le salaire du chroniqueur à 40 fois le SMIC mensuel net, sur Canal+ ! Voilà ce qu'on appelle... un petit tacle à Guillon !
Qui aime bien, châtie bien : chez France Inter, apparemment, on s'adore !